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Quand un phoque se promène sur la banquise et que survient une risée glaciale, il frissonne parce qu'il a froid, comme tout le monde. Mais s'il plonge profondément dans une eau glaciale, il ne subira strictement aucun frisson. C'est ce qu'a découvert Lars P. Folkow, de l'université de Tromsø (Norvège) en observant des phoques à capuchon (Cystophora cristataCystophora cristata) en captivité. Les résultats viennent d'être présentés à la dernière conférence de l'American Physiological Society.
Une douzaine d'animaux ont été entraînés à rester immobiles près d'un plateau instrumenté, permettant aux chercheurs de suivre l'activité musculaire, le rythme cardiaque et la température corporelletempérature corporelle. Quand l'airair est refroidi à -35°C, les phoques se mettent à frissonner sans retenue pour se réchauffer. Mais s'ils suivent le plateau alors qu'il est plongé dans l'eau, aucun frisson n'est enregistré.
Les phoques à capuchon, qui vivent en Arctique, entre le Saint-Laurent et le Spitzberg, doivent plonger très longtemps pour se nourrir. Afin d'allonger leurs apnées, ils réduisent la température de leur corps et ont développer une résistance à l'hypoxie. Crédit : s.porcellotti / www.terrambiente.org
Rester froid pour respirer moins
C'est une adaptation à l'apnéeapnée, explique Lars Folkow. En cessant de frissonner, les phoques se refroidissent. La température de leur corps étant plus basse, leur consommation d'oxygène se fait plus réduite, ce qui augmente leur autonomieautonomie en apnée. Sur ce plan, les phoques atteignent effectivement des performances surprenantes en restant près de deux heures sous l'eau.
« Cesser de frissonner n'est qu'une des astuces qui permettent à ces animaux de plonger aussi longtemps » ajoute Lars Folkow. D'autres moyens sont utilisés pour faire chuter la température. D'après l'équipe norvégienne, celle du cerveaucerveau descend à 3°C après 15 minutes dans l'eau froide, ce qui réduit considérablement ses besoins en oxygène.
En plus de ce refroidissement généralisé, les phoques semblent aussi mieux tolérer l'hypoxiehypoxie (privation des tissus en oxygène) que les humains et Lars Folkow espère que percer ce secret des phoques permettra de mieux comprendre les atteintes que subit le cerveau d'un homme lorsqu'il est privé d'oxygène, par exemple après un accidentaccident cardiaque.