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Les plantes génétiquement modifiées (OGM) ont des effets parfois difficilement prévisibles. Il avait par exemple été montré que certains OGM rendus résistants à des virus de plantes deviennent sensibles à des insectes pourtant inoffensifs pour les plantes non modifiées. Les plantes OGM sont par ailleurs souvent suspectées de dénaturer les écosystèmes dans lesquels elles sont impliquées.
En plus de la dissémination possible des plantes OGM, un autre problème inquiète les écologistes. Les insectes qui vivent, se nourrissent et se reproduisent grâce à ces plantes sont-ils aussi menacés ? Il existe bien des plantes OGM rendues résistantes à des espèces particulières d'insectes nuisibles dont la communauté est de fait affectée. Mais qu'en est-il réellement des insectes qui ne sont pas ciblés directement par le transgènetransgène ?
Pour analyser globalement les effets des OGM sur les insectes, des scientifiques de l'Université de Zurich et d'Exeter ont enquêté au sein de champs de blé et ont publié leurs résultats dans la revue Biology Letters. Selon eux, heureusement, il n'y aurait rien d'inquiétant.
Un travail de fourmi
Pour arriver à cette conclusion rassurante, les scientifiques ont étudié attentivement les réseaux trophiques associés à des variétés de blé de printemps (Bobwhite, Frisal et Rubli), portant ou non des gènesgènes de résistancerésistance au mildioumildiou (Pm3b) ou à d'autres champignonschampignons (Chi/Glu(A13)). Selon les auteurs, les mesures quantitatives des réseaux trophiques, en d'autres termes le dénombrement des insectes, permettent d'évaluer la complexité et la diversité des relations interespèces, qui sont considérées comme l'un des principaux facteurs du fonctionnement et de la stabilité d'un écosystème.
Les insectes parasitoïdes (ici une guêpe Braconidae) pondent des œufs qui dévorent les insectes parasités (ici une chenille Manduca sexta). © Stsmith, Wikimedia, CC by-sa 3.0
Ainsi, chaque semaine pendant deux années consécutives, les insectes présents dans le périmètre central des champs OGM ou non ont été récoltés, décombrés et identifiés, du mois de mai et ce jusqu'à la moisson. Les insectes parasités (retrouvés sous forme de momies) récoltés ont été laissés dans des conditions permettant le développement des parasitoïdes, qui ont été identifiés après l'éclosion de leurs œufs.
Les analyses se sont restreintes à trois espèces d'insectes herbivoresherbivores (des aphides, ou puceronspucerons), à huit espèces de guêpes parasitoïdesparasitoïdes qui pondent et se développent dans ces insectes, et enfin à treize autres guêpes considérées comme parasitoïdes secondaires puisqu'elles parasitent les premières guêpes (hyperparasitoïdes) ou les momies.
Des variations normales
Comme le dit lui-même Frank van Veen, l'un des auteurs de l'article : « alors que les modifications génétiquesgénétiques ont des effets écologiques considérables, les différences observées entre les variétés de blé OGM et leurs homologues non OGM sont similaires à celles retrouvées entre deux variétés conventionnelles (non OGM) de blé ». En clair, il n'y a pas de différence importante des communautés d'insectes qui vivent dans des champs OGM ou des champs naturels, la biodiversité est sauve.
« Nous pensons que les effets des OGM observés sont d'une signification écologique relative et se perdent dans les variations naturelles observées parmi les cultivarscultivars », concluent les auteurs. Les résultats obtenus ne permettent cependant pas de conclure définitivement quant aux conséquences écologiques de ces légers effets. Reste donc à confirmer ces données sur d'autres champs et à plus long terme.