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La larve de Liopropoma olneyi présentée sur cette photo est la seule du genre Liopropoma actuellement connue pour avoir 7 longues épines sur la nageoire dorsale. © Baldwin CC, Johnson GD (2014), Plos One, cc by 2.5.
Faire correspondre des poissons adultes avec leurs larves n'est pas toujours évident car souvent ils ne se ressemblent pas beaucoup... C'est pourquoi des chercheurs du Smithsonian Museum (Washington DC, États-Unis) se sont tournés vers la biologie moléculairebiologie moléculaire pour reconstituer des paires. Ils ont ainsi pu faire correspondre une mystérieuse larve de poisson à un adulte d'une nouvelle espèce découverte au large de la côte de Curaçao. Ces résultats paraissent dans la revue Plos One.
La plupart des poissons des océans possèdent une larve pélagiquepélagique, c'est-à-dire vivant à proximité de la surface des océans, tandis que les adultes peuvent habiter dans des environnements différents. C'est la raison pour laquelle les larves ne ressemblent aucunement aux adultes de la même espèce.
Ici, les scientifiques ont tout d'abord été intrigués par une photographiephotographie de larve inconnue parue dans un article, et qui ressemblait à un poisson de la famille des serranidés, dans laquelle se trouvent aussi le mérou ou la loche par exemple. Mais la larve en question, capturée dans le détroit de Floride, portait 7 longues épines dorsales, une caractéristique assez inhabituelle.
L’adulte découvert au large de Curaçao, en photo ici, est doré et porte des points jaunes, son ventre est pâle voire blanc. © Baldwin CC, Johnson GD (2014), Plos One, cc by 2.5
Le mystère de la larve inconnue résolu
Lorsque l'équipe de recherche a étudié cette larve de près, elle s'est trouvée face à une énigme : sa séquence d'ADNADN ne correspondait à aucun poisson connu. Les scientifiques se sont donc contentés de décrire dans un premier temps les caractéristiques morphologiques de cette forme larvaire.
En parallèle, dans un projet à part, le Deep Reef Observation Project (Drop), les scientifiques exploraient des récifs profonds au large de Curaçao grâce au submersible Curasub. Les chercheurs ont ainsi récupéré des poissons dorés qu'ils pensaient faire partie de l'espèce Liopropoma aberrans. Mais après analyse génétiquegénétique, ils ont observé qu'il y avait plus d'une espèce de poissons dans leur échantillon.
En combinant ces nouvelles informations génétiques avec les données d'ADN d'autres poissons trouvés dans l'Atlantique, les chercheurs ont fait une découverte inattendue : la larve du détroit de Floride correspond au stade pélagique de la nouvelle espèce de Liopropoma des récifs du sud des Caraïbes. Ce nouveau poisson a été nommé Liopropoma olneyi en l'honneur d'un collègue décédé (John E. Olney) qui avait travaillé sur des larves de poissons.Le poisson adulte a été trouvé à une profondeur de 123 à 220 m, sur des versants rocheux. Lorsqu'il est menacé, il trouve refuge dans des petites grottes ou des fissures de la roche.