Outre Atlantique, sur la côte Est canadienne, le feu vert vient d'être donné aux chasseurs de phoques par le ministère fédéral des pêches à Ottawa. Quota fixé cette année à 319 500 têtes ! Avec l'ouverture de cet évènement controversé, c'est aussi la lutte éternelle entre le gouvernement canadien et les militants écologistes qui reprend de plus belle.

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    www.exzooberance.com

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    /! Attention certaines images peuvent choquer le public non averti !\

    Comme chaque année, de fin février à mi-mars, la banquise se transforme en maternité pour les phoques du Groenland. Et les blanchons, ces adorables nouveaux-nés à fourrure blanche, ont encore une existence tranquille. Quelques semaines plus tard, ils ont pris du poids, une certaine autonomieautonomie et sont à présent recouverts d'une belle peau argentée, objet de toutes les convoitises. Nous sommes le 29 mars, un grand jour pour les chasseurs canadiens qui s'apprêtent à reprendre du service... et pour de nombreuses associations, parmi lesquelles le Fonds International Pour La Protection des Animaux (IFAW) ou la Fondation 30 Millions d'Amis. Elles sont, elles aussi, prêtes à en découdre, les armes médiatiques à leur disposition, y compris le web, sur lequel on voit refleurir des bouquets entiers d'images choquantes couleurcouleur vermillon.

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    © http://www.protection-des-animaux.org

    Le rouge et le blanc

    Des hommes, équipés de fusils et de gourdins appelés hakapiks frappent à mort de jeunes phoques pourtant inoffensifs. L'hakapik est 'l'outil ancestral' de cette chasse. Constitué d'un marteau et d'une pointe de métalmétal, il permet aux hommes de manipuler facilement les carcasses, et surtout de satisfaire les exigences de la réglementation : à savoir, la destruction du crânecrâne de l'animal chargée de provoquer une mort clinique immédiate. « Les chasseurs de phoques ont reçu une bonne formation sur les techniques de chasse sans cruauté ; collectivement, ils ont un comportement responsable et respectueux de la loi » expliquent néanmoins les autorités dans un communiqué destiné à faire la chasse aux idées reçues ! Une mare de sang souille progressivement la blancheur de la banquise, et les cadavres de bébés phoques s'accumulent avec les heures... avec les jours.

    Il faut bien le reconnaître : le spectacle du massacre de ces mammifères marins est tel qu'il est difficile d'accepter les arguments scientifiques et économiques avancés par le gouvernement canadien. Entre ceux qui voient là une barbarie intolérable à une époque où la sensibilisation des problèmes liés à l'environnement et une prise de conscience écologique atteignent leur paroxysme, et ceux qui vivent de cette chasse, ou la considèrent utile pour maintenir un certain équilibre, l'évènement déchaîne les passions. Et le grand public a bien du mal à se faire une idée objective sur la question...

    Il y aurait aujourd'hui 5 millions de phoques dans l'Atlantique Nord-Ouest. « Le troupeau a presque triplé depuis les années 1970. Les phoques -et les phoques du Groenland en particulier- sont loin d'être en voie de disparition ! » soutient le gouvernement canadien : bref, une surpopulation, selon lui, qu'il faut contrôler pour protéger les poissons, et qui justifie l'augmentation progressive des quotas d'animaux observée depuis quelques années. Néanmoins, IFAW ne l'entend pas de cette oreille, et va jusqu'à affirmer dans un rapport récent que les 975 000 prises effectuées au cours des années 2003-2005 menacent directement la population de phoques. Les experts de l'IFAW prévoient en effet une diminution de 30% du nombre d'individus d'ici 2011, et ce, même si le gouvernement accepte de réduire les quotas de chasse ces prochaines années.

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    Des chiffres et des morues

    Quant à la morue, l'un des éléments du régime alimentaire des phoques, elle se trouve elle aussi au centre des débats car la diminution du stock serait, selon les militants, un argument de taille qui pourrait pousser Ottawa à autoriser la chasse aux phoques. Elément démenti en haut lieu... Les autorités canadiennes sont en effet accusées de mal gérer les stocks de pêche, et de vouloir apaiser les pêcheurs en leur permettant d'obtenir d'autres revenus grâce à la chasse. Une industrie parallèle non rentable selon les uns, mais qui selon les autres génère un chiffre d'affaire de 16 millions de dollars grâce à l'intérêt de la Russie et la Chine pour les produits dérivés (graisse, viande, fourrure).

    Dans leur communiqué, les autorités 'font la peau' à une quinzaine de mythes qui donnent bien mauvaise presse à cette pratique quasi-ancestrale. Objectif visé ? Faire preuve de transparencetransparence. En premier lieu, il s'agit de démontrer que les chasseurs n'abattent pas les très jeunes phoques. Les photos « choc » de bébés phoques à fourrure blanche agonisant sous les coups des chasseurs ne peuvent plus circuler, à moins qu'il ne s'agisse de braconnage, puisque comme le rappelle le gouvernement : « la chasse des petits du phoque à capuchon (dosdos bleu) et des petits du phoque du Groenland (blanchons) est interdite - et ce, depuis 1987. Le Règlement sur les mammifères marins interdit le commerce, la vente ou le troc des fourrures de ces petits phoques ».

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    Ainsi, apprend-on que « seuls les phoques sevrés et autonomes, qui ne dépendent plus de leur mère et qui se débrouillent seuls sont chassés ». Et qu'en définitive, « la grande majorité des phoques du Groenland capturés ont plus de 25 jours et ont déjà perdu leur fourrure blanche depuis un certain temps ». Mais pour des animaux qui peuvent vivre une trentaine d'années, cet argument est loin d'être satisfaisant ! Ainsi, le tiers des bébés phoques du Groenland nés cette année disparaîtront au cours de la saisonsaison de chasse avant d'avoir fêté leurs trois mois... Les associations se plaignent aussi des pertes conséquentes, donc d'une certaine mortalité injustifiée. Parfois, les corps des animaux glissent à l'eau, et ne seraient pas comptabilisés. Mais les autorités démentent : « moins de 5% des phoques abattus sont perdus pendant la chasse au phoque commerciale au Canada ».

    Epilogue

    Quant à la brutalité de la technique de chasse, le ministère fédéral des pêches soutient qu' « au fil des ans, des études menées par divers spécialistes en médecine vétérinairevétérinaire et des études américaines réalisées entre 1969 et 1972 sur la chasse des îles Pribilof en Alaska ont démontré de façon constante que le hakapik est une arme efficace pour abattre l'animal rapidement et sans cruauté ». Ainsi, qui a raison, qui a tort dans cette histoire considérée comme faisant partie du patrimoine culturel du Canada ? Les phoques sont-ils réellement en surnombre ? Et sont-ils vraiment responsables de l'appauvrissement du stock de poissons... stock qui doit aussi continuer à faire vivre les pêcheurs canadiens ? Les raisons qui font couler le sang sur la glace sont-elles justifiées... où sommes-nous trop sensibles à ces adorables grands yeuxyeux noirs ? Au siècle où l'instinct de chasseur enfoui en chacun de nous, se réveille uniquement en ouvrant la porteporte du réfrigérateur ou en poussant un caddy dans les rayons du supermarché, la société n'est certainement plus préparée à supporter les scènes qui ont fait survivre tous nos ancêtres au fil des époques : des armes, du sang, des animaux morts... et la raison du plus fort qui toujours l'emporte.