En 4 ans, près de 441 nouvelles espèces animales ou végétales ont été découvertes en Amazonie… sans prendre les invertébrés en considération ! Voilà donc de quoi rappeler à quel point cet écosystème est riche, et qu’il doit donc être protégé. Il serait dommage de perdre des piranhas herbivores ou des singes qui ronronnent.

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    La forêt humide amazonienne n'a pas encore livré tous ses secrets pour une bonne et simple raison : elle reste largement inexplorée. À lui seul, cet écosystème couvre une surface de 7.000.000 km2 peuplée par environ 390 milliards d'arbres (16.000 espèces), de quoi offrir de nombreuses cachettes à la faune et à la flore qui y vivent. Les spécialistes le considèrent comme l'un des plus grands réservoirs de biodiversité de la planète. De nouveaux chiffres publiés ce mercredi 23 octobre par le Fonds mondial pour la natureFonds mondial pour la nature (WWF, pour World Wildlife Fund) ne peuvent que le confirmer.

    Cet organisme a compilé durant quatre ans, de 2010 à 2013, les publications scientifiques qui décrivaient de nouvelles espèces animales ou végétales trouvées en Amazonie. Résultat : il y en a eu 441, en ne tenant pas compte des innombrables découvertes d'invertébrés, parmi lesquels figurent les insectesinsectes. Ces nouvelles espèces se divisent comme suit : 258 plantes, 84 poissonspoissons (osseux ou cartilagineux), 58 amphibiensamphibiens, 22 reptilesreptiles, 18 oiseaux et 1 mammifèremammifère. Beaucoup d'entre elles seraient endémiquesendémiques, ce qui signifie qu'elles vivent dans une région bien précise, ce qui les rend particulièrement sensibles à la destruction de leur habitat.

    Cette raie d'eau douce <em>Potamotrygon tatianae</em> a été découverte en 2011 au Pérou, dans le Río Madre de Dios, en bordure du bassin amazonien. © F. Reyda

    Cette raie d'eau douce Potamotrygon tatianae a été découverte en 2011 au Pérou, dans le Río Madre de Dios, en bordure du bassin amazonien. © F. Reyda

    Certaines de ces nouvelles espèces se sont révélées étonnantes à plus d'un titre. C'est par exemple le cas du Tometes camunani, un piranha long de 50 cm et d'un poids de 4 kgkg qui a été trouvé dans le bassin de la rivière Trombesta (État de Pará, Brésil). Sa particularité : il est strictement herbivoreherbivore ! Il se nourrit donc des végétaux qui poussent sur les rochers bordant les rapides dans lesquelles il vit... et qui pourraient disparaître suite à la construction de barrages.

    Le piranha <em>Tometes camunani </em>n'est pas à craindre par les personnes désireuses de se baigner dans la rivière Trombesta (Brésil), puisqu'il est herbivore. © Tommaso Giarrizzo

    Le piranha Tometes camunani n'est pas à craindre par les personnes désireuses de se baigner dans la rivière Trombesta (Brésil), puisqu'il est herbivore. © Tommaso Giarrizzo

    Une grenouille de la taille d’un pouce

    En Guyana, des chercheurs ont rapporté la découverte d'une minuscule grenouille au pied de la montagne Iwokrama, près de la chute d'eau de Turu. Elle a reçu le nom d'Allobates amissibilis, qui signifie littéralement « que l'on peut perdre facilement ». En effet, cet amphibien de 16 à 18 mm de long vit dans une région qui sera bientôt ouverte au tourisme, ce qui fait craindre pour sa survie. C'est dans le même pays que le serpent Chironius challengerchallenger a été trouvé, précisément sur les pentes du TepuyTepuy Maringma, à 1.500 m d'altitude. Il a été nommé en hommage au professeur George Edward Challenger, un personnage créé par Arthur Conan DoyleArthur Conan Doyle dans Le Monde perdu.

    La petite grenouille <em>Allobates amissibilis</em> correspond à la troisième espèce d'<em>Allobates</em> découverte en Guyana. © Philippe Kok

    La petite grenouille Allobates amissibilis correspond à la troisième espèce d'Allobates découverte en Guyana. © Philippe Kok

    Le seul et unique mammifère fraîchement décrit n'est autre qu'un singe titi nommé Callicebus caquetensis. Il a été découvert en août 2010 dans la région de Caquetá, en Colombie. Ce primateprimate roux de la taille d'un chat a la particularité d'être monogame et de ne donner naissance qu'à un petit par an. Leurs jeunes ont d'ailleurs étonné les chercheurs : ils ronronnent lorsqu'ils se sentent bien entre eux, comme notre félinfélin domestique préféré.

    Le singe <em>Callicebus caquetensis </em>est venu compléter le groupe des titis, qui compte maintenant 20 membres. Ils vivent tous dans le bassin amazonien. © Thomas Defler

    Le singe Callicebus caquetensis est venu compléter le groupe des titis, qui compte maintenant 20 membres. Ils vivent tous dans le bassin amazonien. © Thomas Defler

    N'oublions pas le monde végétal. Le WWF a ainsi rappelé la découverte de nombreuses orchidées parmi lesquelles figure Sobralia imavieirae, qui serait magnifique avec sa couleurcouleur rose. Le but de cet inventaire n'est évidemment pas anodin, il vise à rappeler l'importante richesse de l'Amazonie, mais aussi la fragilité de cet écosystème mis en danger par diverses activités anthropiques, comme la déforestation. Le message est clair : il faut protéger ce patrimoine unique qui nous rend bien des services.