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Rosada sur le volcan Wolf. Crédit : Gabriele Gentile/PNAS
Les îles Galápagos sont hantées par deux genres distincts d'iguanidés. Conolophus, un groupe d'animaux terrestre auquel appartiennent les espèces C. pallidus et C. subcristatus, et Amblyrhynchus, dont l'espèce marine A. cristatus est la seule représentante. Ils étaient les seuls connus depuis le passage de DarwinDarwin en 1835.
En 1986, une forme différente d'iguane terrestre, arborant une étonnante robe rose à rayures noires, aperçue pour la première fois par des gardes forestiers du parc national des Galápagos sur les flancs du volcan Wolf, au sud de l'île Isabella, avait suscité quelques interrogations. Les iguanes, en effet, sont quelquefois sujets à l'hybridationhybridation (des croisements entre C. subcristatus et A. cristatus sont observés). Mais l'étude de son phénotypephénotype et surtout de son génotypegénotype, réalisée par Gabriele Gentile (Dipartimento di Biologia, Universita TorTor Vergata, Rome) et son équipe, vient de révéler qu'il s'agit bien d'un genre distinct.
En A et D, iguanes du genre Conolophus photographiés respectivement sur les flancs des volcans Sierra Nerga et Wolf. En B et C, deux spécimens de rosada du volcan Wolf. Crédit : Gabriele Gentile/PNAS
Jusqu'à présent, les études génétiquesgénétiques de la famille des iguanidés suggéraient que les lignées devant donner naissance aux genres Conolophus et Amblyrhynchus s'étaient différenciées il y a 10,5 millions d'années, alors que l'archipel des Galápagos ne présentait pas sa configuration actuelle et qu'aucune des îles qui le composent aujourd'hui n'avait encore émergé. Les mêmes études suggèrent aussi que la diversification des iguanes terrestres Conolophus a débuté récemment, durant le Pléistocène (il y a environ 1 million d'années). Mais on ignorait alors l'iguane rose...
Génétiquement différents
Le séquençageséquençage génétique pratiqué sur l'ensemble des populations d'iguanes des Galápagos ainsi que sur quinze spécimens d'iguanes roses, que les chercheurs, faute de mieux, nomment rosada (rose en espagnol, la langue des Galápagos), a permis de déterminer que si ces derniers sont bien génétiquement identiques entre eux, ils ne présentent aucune congruence avec les autres espèces, démontrant qu'il s'agit bien d'un genre nouveau et non répertorié à ce jour.
L’archipel des Galápagos. Au nord de l’île Isabella, le volcan Wolf. Crédit : Gabriele Gentile/PNAS
Selon les chercheurs et sur la base de la même étude génétique, le rosada se serait mis à diverger de Conolophus voici 5,70 millions d'années pour former un genre à part entière.
Cette constatation remet fondamentalement en question les connaissances actuelles sur la diversification des iguanes terrestres, censée jusqu'à présent s'être produite durant le Pléistocène, à une époque où les îles principales de l'archipel étaient émergées. Or, la nouvelle évaluation reporte cette diversification à un âge beaucoup plus ancien, alors que la plupart de ces terres se trouvaient toujours sous la surface de l'océan. En effet, les îles les plus anciennes des Galápagos, San Cristobal et Espagnola, sont respectivement âgées de 2,35 et 3,3 millions d'années. L'énigme est réelle, car le rosada se trouve exclusivement sur les flancs du volcan Wolf, réputé plus récent que le volcan Sierra Negra (0,53 million d'années).