Les rhinolophidés, une famille de chauves-souris, ont un visage particulièrement repoussant. Leur nez, composé de plusieurs cavités, a une forme plutôt alambiquée. Cette disgrâce leur confère un avantage : ne pas être perturbés par les bruits de leur environnement. Explications.

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    Il existe 18 familles de chauves-souris, mais seuls les rhinolophidés possèdent un nez si particulier. © gareth Jones, Université de Bristol

    Il existe 18 familles de chauves-souris, mais seuls les rhinolophidés possèdent un nez si particulier. © gareth Jones, Université de Bristol

    Un cap ? Un pic ? Une péninsule ? Pas vraiment... Le neznez des rhinolophidés, une famille de chauves-souris, dont l'espèce la plus connue est sans doute le grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), ressemble plutôt à celui d'un bulldog : il est très aplati. La fantaisie nasale de ces chiroptères va cependant bien loin. Au-dessus du nez, la présence de plusieurs excroissances formant des cavités rend l'ensemble du visage de ce mammifère plutôt effrayant. Moche mais nez-en-moins utile ! La conformationconformation de ces cavités apporte en effet une aide précise pour l'orientation.

    Car les chauves-souris, quasiment aveugles, se dirigent grâce à  l'écholocation, envoyant des ondes sonoresondes sonores via leur nez. Ces ondes rebondissent sur les obstacles alentours pour revenir vers l'animal puis être analysées par le cerveaucerveau, fournissant une image de l'environnement précise et en trois dimensions.

    Des cavités pour concentrer le faisceau sonore

    Les scientifiques pensent qu'il y a un lien entre le type d'émissionsémissions réalisées par les individus de cette famille et leur anatomieanatomie particulière. Cette thèse est confortée par le fait que les cris émis sont différents de ceux qu'on rencontre chez les autres familles de chiroptères. En l'occurrence, l'intervalle de fréquences utilisé par les rhinolophidés est moins large.

    <em>Rhinolophus euryotis</em>, une espèce de la famille des rhinolophidés. © Michael Pennay, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Rhinolophus euryotis, une espèce de la famille des rhinolophidés. © Michael Pennay, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Et c'est le cas. Comme le montre une étude publiée dans Pnas et réalisée par des chercheurs de l'université d'Anvers sur rhinolophus rouxi, les différents plis du nez concentrent les faisceaux des ondes sonores émis afin que les interférencesinterférences avec les sons de l'environnement soient fortement réduites.

    Les rhinolophidés sont moins gênés par les bruits de la forêt

    En contrepartie, la localisation des obstacles est moins efficace, car davantage ciblée. En effet, les petites cavités - qui remplacent une seule plus importante - ne permettent pas de balayer un champ aussi large.

    S'il peut paraître contradictoire qu'une adaptation mène à une écholocation moins efficace, les auteurs notent que cela correspond bien au mode de vie de ces espèces. Les rhinolophidés vivent en effet principalement en forêt où les bruits de fond sont abondants. Une adaptation qui permet de s'en affranchir paraît donc logique.

    Cependant, des études de 2006 et 2007 indiquaient que ces cavités n'affectaient pas les faisceaux d'ondes de la même manière et permettaient notamment aux chauves-souris de mieux évaluer leur altitude. Il semblerait donc que des travaux plus approfondis soient nécessaires pour comprendre le rôle exact du nez des rhinolophidés.