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Les requins à pointes noires vivent à proximité des côtes. Ils ont la faculté de bronzer pour se protéger du soleil. © Ian Scott, shutterstock.com
- Découvrez la longue histoire des requins
Les populations de requins de récif ont fortement diminué dans le Pacifique, surtout près des zones à forte densité humaine où la baisse dépasse 90 %, selon un recensement effectué par une équipe internationale de scientifiques et publié aux États-Unis.
Un grand nombre de populations de ces grands prédateurs se sont effondrées au cours des trois dernières décennies avec de 30 à 70 millions de requins tués par les humains chaque année dans le monde, selon certaines estimations. Ce phénomène résulte notamment d'une pêche excessive pour satisfaire la demande en Asie pour les ailerons de requins, considérés (à tort) comme un aphrodisiaqueaphrodisiaque, des prises accidentelles par les pêcheries industrielles et de la pêche de loisir.
Cette hécatombe frappe surtout les espèces de requins océaniques. Jusqu'alors, un manque de statistiques empêchait les scientifiques de quantifier correctement l'état des populations, notamment celles des requins de récif du Pacifique, sur une grande échelle. C'est ce qu'expliquent les auteurs de cette recherche parue dans la version en ligne de la revue Conservation Biology.
Lors de chaque recensement, les plongeurs ont dénombré les requins sur une surface d'au minimum un hectare, en étant tirés derrière un bateau. © Willy Volk, Flickr, CC by-nc-sa 2.0
Près des îles peuplées, 90 % de requins en moins
« Nous estimons que le nombre de requins de récif a fortement diminué surtout autour des îles très peuplées », note Marc Nadon, du Joint Institute for Marine and Atmospheric Research (Jimar) à l'université d'Hawaï, principal auteur de l'étude. « La baisse y dépasse les 90 % comparativement aux requins évoluant à proximité de récifs coralliens et îles isolés », ajoute-t-il. « En bref, les humains et les requins ne cohabitent pas », résume ce scientifique.
Pour obtenir ces estimations, les chercheurs ont procédé sur une période de six ans (2004-2010) à des enquêtes de visu effectuées par des plongeurs tirés par de petits bateaux. Au total il y a eu 1.600 de ces sorties autour de 46 îles et atolls du Pacifique. Cette méthode permet, contrairement aux autres techniques sous-marines, de procéder rapidement à un décompte du nombre de requins dans de vastes zones de l'océan, explique Ivor Williams, à la tête de l'équipe responsable de ce recensement.
Besoin d’une surveillance à long terme des impacts humains
Ces chercheurs ont combiné ces informations avec celles portant sur les populations humaines, la complexité de l'habitat, l'endroit où se situaient les îles et récifs ainsi que sur des mesures effectuées par des satellites de la température à la surface de l'océan. Des modèles informatiques qui montrent les énormes effets néfastes des humains sur les requins de récif ou requins gris.
« Autour de chaque zone très peuplée dans le Pacifique où nous avons effectué des recensements comme les principales îles hawaïennes, l'archipelarchipel des Mariannes et les îles Samoa sous administration américaine, les nombres de requins de récif étaient extrêmement bas comparativement aux eaux autour d'autres îles dans les mêmes zones mais plus isolées des humains », explique Marc Nadon. « Nous estimons qu'ils reste moins de 10 % des populations de ces requins dans ces zones peuplées », précise-t-il.
Les résultats de cette recherche montrent l'importance d'une surveillance sur le long terme de l'impact humain et de la biogéographiebiogéographie pour comprendre comment l'Homme altère les océans, concluent ces scientifiques.