Après la découverte d'un foyer de fièvre aphteuse dans un élevage de bovins du Surrey (Grande-Bretagne), les scientifiques tentent de déterminer l'origine de l'infection. Deux laboratoires de recherches situés à huit kilomètres pourraient être impliqués, ce qui ne manque pas d'inquiéter les autorités.

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    Bovin atteint de fièvre aphteuse. Crédit USDA (United States Department of Agriculture).

    Bovin atteint de fièvre aphteuse. Crédit USDA (United States Department of Agriculture).

    Il s'agit du Pirbright Laboratory (Institut pour la santé animale, ou IAH), une institution gouvernementale chargée de recherches sur les maladies de l'animal et particulièrement sur la fièvre aphteusefièvre aphteuse, et de la société pharmaceutique Merial, une joint venturejoint venture appartenant à l'américaine Merck & Co et la française Sanofi-Aventis, fondée en 1997. Les deux établissements partagent le même site.

    Selon les autorités britanniques, la souche virale isolée chez les animaux atteints est proche du virus 01 BFS67, lequel n'a plus été observé depuis quarante ans, mais qui est toujours en possession des laboratoires de recherche dans le cadre de la mise au point d'un vaccinvaccin. L'origine "naturelle" de cette épizootie semble donc a priori improbable.

    Bien que cette hypothèse ne soit pas prouvée, un périmètre de sécurité de 10 km a été instauré autour des deux établissements. Le directeur de l'IAH a diffusé un communiqué affirmant que toutes les règles de sécurité avaient été respectées dans ses installations, n'excluant pas que la contaminationcontamination puisse provenir des laboratoires Merial, situés juste à côté. Ceux-ci affirment par la voix d'un porteporte-parole avoir momentanément suspendu toute production de vaccins, quand au directeur David Billand, il se déclare hautement respectueux des plus hautes normes internationales en matièrematière de règles de sécurité.

    La totalité des animaux susceptibles d'avoir été contaminés ont été abattus, ainsi qu'un troupeau d'une ferme voisine, par mesure de sécurité, bien que seulement deux des bêtes aient réagi positivement aux tests de la fièvre aphteuse.

    Bien que l'hypothèse d'une contamination provenant d'un des deux laboratoires inquiète fortement les autorités britanniques, qui ont par ailleurs ordonné un réexamen de toutes les mesures de biosécurité, une telle cause accidentelle rassurerait les organisations agricoles, encore sous le choc du traumatisme subi lors de la dernière épizootie en 2001, et qui avait entraîné l'abattage de plus de six millions de bovins en Grande-Bretagne.

    Fièvre aphteuse

    Touchant les bovins et les porcs sous nos latitudes, mais aussi d'autres animaux à sabot fendu comme les cerfs, chevreuils, moutons, ainsi que les rats et hérissons, la fièvre aphteuse est transmise par un virus dont sept sérotypes différents ont été identifiés, tous incompatibles entre eux sur le plan vaccinal car il n'existe aucune protection croisée. Cette caractéristique rend problématique toute vaccinationvaccination systématique, malgré la mise au point en 1981 d'un type de vaccin construit génétiquement à partir d'une protéineprotéine clé du virus, mais qui ne semble pas avoir confirmé les espoirs des chercheurs.

    Le virus responsable de l'épizootie de 2001 semble avoir été transporté dans un nuage de poussière d'origine subsaharienne, dont le déplacement jusqu'à nos régions aurait été favorisé par le réchauffement climatique. Cette hypothèse expliquerait la contamination quasi explosive de tout le territoire britannique au détriment d'un mode d'infection au départ d'un point précis, car la période d'incubation de six jours de la maladie ralentit fortement sa propagation.

    Bien qu'aucun traitement n'existe pour cette maladie, la plupart des animaux atteints guérissent spontanément après quelques mois, et seules les très jeunes  bêtes peuvent connaître une issue létale par myocardite (atteinte des muscles du cœur).

    La possibilité de transmission à l'homme est très controversée. Bien qu'un cas ait été rapporté en Angleterre en 1967 et quelques autres dans l'ensemble de l'Europe, beaucoup de scientifiques pensent qu'il y a eu presque systématiquement confusion avec un autre type de fièvre humaine provoquée par un entérovirus de la famille des picornaviridés, appelé Coxsackie A, et que le risque est inexistant.

    Cependant la véritable menace d'une épizootie de fièvre aphteuse est d'ordre économique. La baisse de rendement au niveau de la production de viande et de lait, combinée à la mortalité chez les jeunes bêtes, sont susceptibles de provoquer des pertes financières importantes chez les agriculteurs.