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Il est si courant d'entendre parler des listes d'espèces en voie de disparition que l'on ne peut manquer l'occasion d'admirer celles que les hommes viennent de découvrir. Il y en a pourtant beaucoup. Le dernier compte connu est celui de 2007, avec 18.516 espèces officiellement nouvelles.
Chaque année, des chercheurs de l'International Institute for Species Exploration s'emploient à effectuer une sélection des dix nouveaux venus les plus marquants. Le but avoué est de faire comprendre au plus grand nombre l'extraordinaire richesse du monde vivant et, surtout, le peu de connaissances que nous en avons actuellement.
La sélection 2009, qui porteporte donc sur les découvertes annoncées en 2008, est un excellent cru et mérite d'être savouré. Plusieurs de ces espèces ont d'ailleurs déjà retenu l'attention de Futura-Sciences... On y trouve un palmier, un caféier, un insecte, un serpent, deux gastéropodes, trois poissons (dont un fossile) et une bactériebactérie.
Ce phasme, Phobaeticus chani, ressemble aux insectes de cette famille et, comme eux, imite excellemment l'aspect d'une petite branche. Mais celui-ci, découvert en Malaisie, est énorme : 35,6 cm de la tête au bout de l'abdomen et 56,7 cm avec les antennes... © Philip Bragg
La plus grande de ces espèces est végétale et il a même dit qu'elle est visible sur Google EarthGoogle Earth. Avec ses 20 mètres de hauteur et ses feuilles de cinq mètres, le palmier géant Tahina spectabilis avait jusque-là échappé aux botanistesbotanistes, camouflé dans la jungle de Madagascar. Cet arbrearbre étonnant ne fleurit qu'une seule fois et meurt immédiatement après en s'écroulant. Curieusement, TT. spectabilis n'est apparenté à aucun palmier malgache mais à d'autres espèces vivant en Asie. La plus petite espèce de la liste est une bactérie capable de vivre... dans la laque à cheveux. C'est là qu'elle a été découverte par trois biologistes japonais, Bakir Mohammad Abdul, Kudo Takuji et Benno Yoshimi.
De très belles surprises
Les nouveaux arrivants de 2008 ont fait tomber trois records de longueur. Découvert à La Barbade, Leptotyphlops carlae est à ce jour le plus petit serpent du monde, pour une longueur de seulement dix centimètres. Il est trois fois plus petit que Phobaeticus chani, un phasme devenu le plus grand insecte, avec 35,6 centimètres, et même près de 57 centimètres avec les antennes. Quant au minuscule hippocampehippocampe HippocampusHippocampus satomiae, trouvé en Indonésie, il ne mesure que 13,8 millimètres de longueur lorsqu'on déplie sa queue et seulement 11,5 millimètres en position naturelle. On n'en connaît pas de plus petit...
Fait exceptionnel, un fossile fait partie de ce Top 10 car il a stupéfié les zoologisteszoologistes. Materpiscis attenboroughi est un poisson placoderme du Dévonien supérieur et les paléontologistes ont découvert au sein du fossile les restes d'un individu plus petit ainsi que des traces de parties molles qui réunissaient les deux animaux. Conclusion : le poisson était une femelle gravidegravide qui portait l'embryonembryon d'un petit, relié à elle par un cordon ombilicalcordon ombilical, à l'instar des mammifèresmammifères. Il y a 380 millions d'années, ces poissons, déjà, accouchaient...
11,5 millimètres : Hippocampus satomiae, qui vit dans la partie indonésienne de l'île de Bornéo, est le plus petit des hippocampes connus. © John Sear (à gauche) / Rudie Kuiter (à droite)
La liste comporte aussi un caféier... qui a inventé le décaféiné bien avant les humains puisque ses graines ne contiennent pas de caféinecaféine. De quoi décourager les programmes de recherches en biotechnologiesbiotechnologies qui tentent la mise au point de semences génétiquement modifiées pour être débarrassées de cette moléculemolécule.
Remarquons également cet escargot tortillant sa coquillecoquille selon quatre axes et cette limace blanche découverte au Pays de GallesGalles dans un endroit que l'on croyait très bien connaître. Enfin, ce joli poisson bleu, Chromis abyssus, vit lui aussi dans une zone déjà explorée, les Palaos, un récif corallienrécif corallien profond de l'île de Ngemelis, dans les eaux indonésiennes. Les biologistes ont apprécié sa découverte car l'animal a d'abord été décrit dans la banque de données de taxonomie Zoobank. Récemment mise en place, elle centralise sur le Web les descriptions d'animaux effectuées partout dans le monde, de sorte d'éviter qu'une même espèce soit décrite indépendamment, avec différents noms de baptême, par des équipes distinctes.
L'objectif de cette sélection est atteint : une telle variété démontre combien les espèces actuelles sont mal connues. On en dénombre actuellement environ 1,8 million mais la biodiversitébiodiversité terrestre est à coup sûr bien plus élevée...