Le Quagga, une sous-espèce de zèbre des plaines d’Afrique, a été chassé jusqu'à son extinction totale, dans l’ignorance de l’époque. Face à ce constat, un projet de reproduction vise à ressusciter ces caractéristiques morphologiques uniques par sélection génétique, une démarche qui questionne la pertinence écologique de réintroduire une espèce adaptée à un environnement du passé.


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    « Quaggia » - Qua quoi ? Pour comprendre l'histoire ce zèbre, une petite leçon de prononciation s'impose : le double « g » est un « ch » guttural, et l'accent est mis sur la première syllabe. Allez-y ? Parfait. Vous imitez désormais à merveille le cri de cet animal, qu'il partage avec les autres zèbres des plaines africaines. Le terme « Quagga » est d'ailleurs utilisé, surtout en afrikaans, pour désigner n'importe quel zèbre, et c'est précisément ce qui a mené à sa perte, dans l'ignorance d'une époque. Explications.

    Futura · Le cri d'un Quagga. © The Quagga Project

    Un pour tous… Tous pour rien

    L'analyse de l'ADNADN a montré que le Quagga n'était pas une espèce distincte de zèbre, mais une sous-espèce du zèbre des plaines (Equus quagga)), qui habitait autrefois le Karoo et le sud de l'État libre d'Afrique du Sud. La confusion causée par l'utilisation indifférenciée du terme « Quagga » pour désigner n'importe quel zèbre a empêché toute tentative de sauvegardesauvegarde de l'espèce, et ce n'est qu'après la mort de la dernière Quagga, en 1883, qu'on a réalisé que cette femelle était la dernière de son espèce.

    Cette extinction est principalement attribuée à la chasse intensive pratiquée par les colons en Afrique du Sud, qui le voyaient comme un concurrent pour les pâturages de leurs animaux d'élevage, principalement des moutons et des chèvres. La disparition du Quagga a également été influencée par l'exportation massive de peaux d'animaux pour l'industrie du cuir au XIXe siècle. 

    Les rayures du Quaggia sont l'une des caractéristiques morphologiques que les scientifiques tentent de reproduire sur une population sélectionnée, à la suite de l'extinction de la véritable espèce. © Louis, Adobe Stock
    Les rayures du Quaggia sont l'une des caractéristiques morphologiques que les scientifiques tentent de reproduire sur une population sélectionnée, à la suite de l'extinction de la véritable espèce. © Louis, Adobe Stock

    La génétique à la rescousse : bonne ou mauvaise idée ?

    Dans l'espoir de reproduire une espèce de zèbre « identique » à la sous-espèce éteinte, le Quagga project a été lancé à la fin des années 1980 en Afrique du Sud. En se basant sur l'étude de l'ADN mitochondrialADN mitochondrial d'une population sélectionnée de zèbres, le projet souhaite reproduire des caractères morphologiques très proches de ceux du Quagga historique, et notamment ses rayures. Cependant, ce projet de réintroduction fait l'objet de critiques auprès de la communauté scientifique.

    Même si les zèbres issus de la sélection génétiquegénétique ressemblent physiquement au Quagga, ils pourraient ne pas posséder d'autres traits génétiques. De plus, les scientifiques expriment leurs préoccupations quant à la viabilité de l'espèce dans un environnement qui a évolué depuis l'extinction du Quagga, soulevant la question de la justification écologique d'une réintroduction d'espèce dans un habitat moderne. En souhaitant réparer une bêtise du passé, l'Homme ne serait-il pas en train d'en reproduire une ?