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Le projet EOL, Encyclopedia of Life, est lancé. Préparé depuis plusieurs années, présenté en version de démonstration en mai 2007, il consiste à rassembler derrière un même site web (www.eol.org) toutes les informations connues sur les espèces connues, vivantes et disparues, soit 1,8 million de fiches. Chacune comportera une description, souvent une image (photo ou dessin) et l'indication de la place de l'espèce dans la classification. La rédaction sera collégiale mais supervisée, à la différence de Wikipédia (dont le gestionnaire, Wikimedia, participe d'ailleurs au projet EOL, en tant que conseiller). Ces informations seront directement accessibles pour tous. Les scientifiques, eux, trouveront en prime des liens vers des bases de donnéesbases de données.
Scientifiquement irréprochable, le site est également agréable à feuilleter et joliment illustré
de photographies et de dessins. Une traduction en français, partielle pour l'instant, facilitera
l'accès aux francophones.
Aujourd'hui, on peut consulter les premières fiches. Toutes les espèces connues n'y sont pas encore. Il manque par exemple Homo sapiens. Pour l'instant, 1,25 million de pages ont déjà été réalisées, pour le programme Biodiversity Heritage Library. Il en faudra 300 millions pour faire le tour des espèces connues, un objectif qui ne sera atteint que dans une dizaine d'années. Le travail ne sera cependant pas terminé puisque le nombre d'espèces inconnues est à coup sûr beaucoup plus élevé... mais inconnu. Certains parlent de 30, 40 ou 50 millions. Les générations futures ont encore du travail.
Quant à la langue, il vaut mieux ne pas être allergique à l'anglais pour consulter EOL mais une traduction partielle en français est déjà fonctionnelle, et bien utile puisqu'elle concerne aussi les noms communs. L'effort est d'autant plus louable que cette initiative provient uniquement des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Parmi les participants à ce projet figurent plusieurs grands organismes de recherche, comme l'université de Harvard (Massachusetts) ou le Natural History Museum (Londres).
Chaque fiche présente une ou plusieurs images de l'espèce, avec son nom commun et son nom scientifique, ainsi que sa place dans la classification (selon les préceptes de la systématique phylogénétique, donc sans les rangs traditionnels, embranchement, classe, ordre...). Dans la partie inférieure, un texte explicatif (en anglais) décrit l'espèce. (Cliquez sur l'image pour voir la fiche complète.)
Un projet américano-anglais
A la revue Les Echos, Simon Tillier, du Muséum d'histoire naturelle de Paris, explique que son institution a bien été contactée pour intégrer le projet EOL mais, explique-t-il, « les lourdeurs de nos organismes nous ont empêchés d'y répondre et de débloquer des crédits rapidement, comme savent le faire les fondations américaines qui les financent ».
Dommage, vraiment, car l'entreprise est louable, utile et attendue. Louable parce que cette vaste vitrine donne à voir l'ensemble du monde vivant à l'heure où beaucoup d'espèces disparaissent assez vite et où les sciences naturalistes sont plutôt délaissées. Utile car les chercheurs eux-mêmes, de tous les pays, y trouveront leur compte, pour étudier plus facilement l'évolution des espècesévolution des espèces ou le fonctionnement des écosystèmes. Attendue, car les zoologisteszoologistes, botanistesbotanistes et autres microbiologistes l'espéraient depuis longtemps mais aussi parce que le public lui-même l'a formidablement accueilli.
A l'audimat, le site EOL a en effet battu des records. Depuis l'ouverture mardi matin, le nombre d'accès a atteint des sommets, saturant complètement les serveursserveurs. L'accès s'est avéré impossible ou très difficile durant toute la journée. Un blog raconte ces ratés au démarrage et donne le compte des accès : le site a reçu 18,5 millions de visites le mercredi 27 février, pour 13,3 millions de pages vues et 940 Go de données transférées. En une seule journée, c'est un très beau score, qui démontre combien cette encyclopédie en ligne répond à une demande...