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Macroscelides micus mesure moins de 10 cm (sans la queue) et, comme toutes les espèces de son genre, se distingue par une trompe. Ce petit mammifère des déserts africains ne s'était jusque-là pas fait remarquer. © Dumbacher et al., Journal of Mammalogy 2014
Connaissez-vous les musaraignes à trompe, aussi appelées sengis ? Ce sont des mammifères que l'on ne trouve qu'en Afrique ; en dépit de leur petite taille, ils sont plus proches des éléphants, lamantins, oryctéropes et taupes dorées, qui sont tous des afrothériens, que des vraies musaraignes. La famille des sengis contient deux sous-familles : les Rhynchocyoninae avec 4 espèces du genre Rhynchocyon, et les Macroscelidinae avec 14 espèces réparties en 3 genres : Petrodomus, Macroscelides et Elephantulus. À ces 18 espèces s'ajoute désormais un nouveau sengi décrit dans la revue Journal of Mammology : Macroscelides micus.
C'est dans le nord-ouest de la Namibie que les chercheurs ont récolté pour la première fois un spécimen de cette espèce. Il différait des autres sengis notamment par sa petite taille, moins de 10 cm sans la queue (de longueur à peu près égale au reste du corps), et par sa couleurcouleur rouillerouille, les chercheurs de la California Academy of Sciences et leurs collègues namibiens ont effectué pas moins de 9 expéditions entre 2005 et 2011 pour obtenir 16 spécimens.
En comparant ces petits mammifères avec d'autres spécimens provenant de différentes collections, et en analysant le génomegénome de l'animal, les chercheurs ont confirmé qu'il s'agissait bien d'une nouvelle espèce. Au cours de cette dernière décennie, c'est non seulement la troisième espèce de sengi découverte, mais aussi le plus petit des 19 membres de la famille des Macroscelidae.
M. micus a été découvert dans le nord-ouest de la Namibie. © Dumbacher et al., Journal of Mammalogy 2014
Le petit mammifère vit dans un désert reculé de Namibie
En plus de sa taille et de la couleur de son pelage, la nouvelle espèce se distingue des autres macroscélides par la présence d'une glandeglande sous sa queue particulièrement grande. Sa fonction est inconnue, mais les auteurs pensent qu'elle pourrait produire des odeurs servant à la communication entre membres d'une même espèce.
En Afrique, les sengis vivent dans des habitats variés : déserts côtiers ou montagneux, forêts de plaine ou de montagne. La nouvelle espèce a été trouvée à la base du plateau d'Etendeka : les conditions environnementales uniques rencontrées dans cette zone aurait pu permettre l'émergence de cette espèce.
Certes, on peut s'étonner que cette nouvelle espèce n'ait pas été découverte plus tôt mais les chercheurs l'expliquent par le fait qu'elle vit dans une petite région aride isolée, difficile d'accès, qui n'a été explorée que récemment par les biologistes. C'est pourquoi John Dumbacher, principal auteur de ces travaux, se réjouit des perspectives qu'offre cette découverte : « il est excitant de penser qu'il y a toujours des régions dans le monde où même la faunefaune des mammifères est inconnue et attend d'être explorée ».