La contamination des terres australes au mercure a des effets sur les populations d'oiseaux. C'est ce que révèlent les travaux de chercheurs français qui ont étudié certaines espèces pendant plusieurs années et ont montré que des taux sanguins élevés de mercure affectaient leur succès reproducteur.

au sommaire


    Une partie du mercure issu des activités industrielles et domestiques comme la combustioncombustion d'hydrocarbureshydrocarbures et de charbon est balayée par les vents vers l'Arctique et l'Antarctique. Ce mercuremercure d'origine anthropique s'ajoute à celui d'origine naturelle et entre dans la chaîne alimentaire. Or, ce métal est un puissant perturbateur endocrinienperturbateur endocrinien, capable d'inhiber la production d'hormoneshormones nécessaires à la reproduction. En zone polaire, on savait que de nombreux oiseaux marins tels que les skuasskuas accumulaient cet élément toxique à des concentrations élevées dans leurs tissus. Cependant, les effets à long terme sur leur pouvoir reproducteur et leur effectif n'étaient pas connus.

    Sur une période de dix ans, des chercheurs du CNRS ont réalisé un suivi démographique sur deux espècesespèces de skuas, des oiseaux migrateursmigrateurs qui se nourrissent essentiellement d'œufs, de poussins de manchots et de poissonspoissons. Ils ont étudié les skuas vivant sur les îles Kerguelen (zone subantarctique) et ceux peuplant la terre Adélie (en Antarctique). Leurs résultats, publiés dans la revue Ecology, montrent que les polluants qui s'accumulent au niveau des pôles peuvent bel et bien mener à un déclin des populations de ces oiseaux.

    La bioaccumulation dans la chaîne alimentaire. Le mercure est émis en majorité par les centrales électriques au charbon, l'industrie, les mines, etc. Il finit dans les mers, où il se trouve sous forme de méthylmercure, très dangereux pour l'Homme. Les grands prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, comme les orques ou les requins, ont le taux de méthylmercure le plus important. © Lamiot, Wikipédia, cc by sa 3.0

    La bioaccumulation dans la chaîne alimentaire. Le mercure est émis en majorité par les centrales électriques au charbon, l'industrie, les mines, etc. Il finit dans les mers, où il se trouve sous forme de méthylmercure, très dangereux pour l'Homme. Les grands prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, comme les orques ou les requins, ont le taux de méthylmercure le plus important. © Lamiot, Wikipédia, cc by sa 3.0

    La natalité des oiseaux antarctiques en baisse à cause du mercure

    Pour cette étude, les scientifiques ont tout d'abord capturé une centaine de skuas antarctiques et subantarctiques. Après une prise de sang pour mesurer leur taux de mercure, ils les ont bagués et relâchés. Pendant dix ans, ils sont revenus sur leur site de ponte pour observer leur succès reproducteursuccès reproducteur.

    Les auteurs ont constaté que les skuas subantarctiques présentaient des concentrations de mercure trois fois plus élevées que celles des oiseaux antarctiques. D'autre part, ils ont montré chez les deux espèces que plus le taux de mercure était élevé, moins les oiseaux avaient des chances de se reproduire et d'élever leurs poussins. De façon inattendue, c'est chez l'espèce la moins contaminée, le skua antarctique, que les effets de ce métal sont les plus prononcés. Pourquoi ? Selon les chercheurs, il est possible qu'en terreterre Adélie, les conditions environnementales plus sévères couplées à la présence croissante d'autres polluants comme les pesticidespesticides et le polychlorobiphénylepolychlorobiphényle (PCB) amplifient l'impact de la contaminationcontamination par le mercure.

    Ces résultats prouvent que les polluants qui s'accumulent dans les zones polaires constituent une véritable menace pour la biodiversitébiodiversité. Les modélisationsmodélisations des chercheurs montrent que si la contamination au mercure continue d'augmenter, les populations de skuas pourraient décliner à long terme. Les chercheurs appellent à mener d'autres enquêtes toxicologiques et démographiques chez d'autres espèces australes. Ils conduisent d'ailleurs des études similaires pour mesurer l'impact sur les oiseaux d'autres polluants, tels que les pesticides, certains métauxmétaux ainsi que de nouvelles moléculesmolécules comme les composés perfluoréscomposés perfluorés qui s'accumulent également en Antarctique.