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À l'image, une tortue Luth venant pondre sur la plage de Yalimapo en Guyane française. Ce reptile peut peser 800 kg. © Jean-Yves Georges
Les télomères sont les gardiens de la stabilité des extrémités des chromosomeschromosomes. Chez l'Homme, ils raccourcissent au cours des divisions cellulaires jusqu'à déclencher la sénescencesénescence de la cellule, un phénomène impliqué dans le vieillissement global de l'organisme. Plusieurs études s'accordent pour affirmer que les stress environnementaux et physiologiques seraient susceptibles d'accélérer ce raccourcissement, indépendamment de la division cellulaire.
Une équipe de l'Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) a étudié cette érosion télomérique chez la tortue Luth afin de comprendre la variabilité des capacités reproductrices de cette espèce. Près de 40 tortues venues pondre sur la plage de Yalimapo, en Guyane, ont ainsi fait l'objet d'analyses morphologiques et sanguines. Le nombre d'œufs pondus par spécimen a également été comptabilisé. Le but était de déterminer si la duréedurée de migration (de 2 ou 3 ans), séparant deux saisons de reproduction, pouvait être associée à un stressstress reproductif final agissant sur la longueur des télomèrestélomères. Les résultats sont présentés dans la revue Plos One.
Contrairement à ceux de l'Homme, les télomères des tortues Luth ne raccourciraient pas avec l'âge, ce qui pourrait ainsi contribuer à leur remarquable longévité. Par ailleurs, un lien a été établi entre la durée des migrations et le nombre d'œufs pondus : il est plus important lorsque les reptiles ont passé 3 ans en mer. Les tortues, parties pendant 2 ans, présenteraient en effet des télomères plus courts. Restaurer ses réserves énergétiques en un temps limité entraînerait un coût physiologique important pour l'animal et, in fine, un impact négatif sur l'effort reproducteur de la saison. Les télomères semblent donc être un lien entre les différentes stratégies de migration et l'effort de reproduction des tortues Luth en Guyane.