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Il aura fallu deux ans à Gabriela de Brito Sanchez, ingénieur de recherche au CNRS, pour percer le secret de la gustation des abeilles par leurs pattes. À partir de nombreuses expériences comportementales et électrophysiologiques, elle a étudié un à un les poils perforés des tarsestarses des insectes où logent les récepteurs gustatifs. La scientifique a alors montré que des neuronesneurones hautement sensibles au sucresucre se situaient sur les deux onglesongles terminaux de la patte antérieure. Plus étonnant, dans les segments qui précèdent ces ongles, la chercheuse et son équipe ont identifié des récepteurs gustatifsgustatifs extrêmement sensibles aux solutions salines. Ces détecteurs dotent l'animal d'une efficacité redoutable pour reconnaître les sels et les minérauxminéraux. En revanche, les scientifiques ont constaté l'absence de récepteurs au goût amer sur les pattes. Cette étude est publiée dans la revue Frontiers in Neuroscience.
Mais que se passe-t-il lorsqu'une abeille perçoit des informations contradictoires sur ces deux pattes ? Les auteurs ont montré que le système nerveux central privilégiait le premier signal reçu, tout en analysant le second. Par exemple, si une abeille goûte d'abord du sucre sur une patte, elle étire sa trompe de ce côté et ignore les goûts moins attrayants venus de l'autre patte. Le sucre peut donc induire un état central d'excitation capable de surmonter l'effet de goûts moins appétissants. En revanche, si les substances peu attirantes sont perçues en premier, l'insecte diminue de moitié la probabilité d'étirer sa trompe.
De nombreuses questions sont encore irrésolues : les abeilles possèdent-elles des récepteurs réactifsréactifs aux substances amères sur les autres organes gustatifs ? Sont-elles sensibles aux goûts acidesacides ? Quel impact les pesticides ont-ils sur les neurones gustatifs des tarses ? De nombreuses recherches sont donc encore nécessaires pour percer tous les secrets de l'abeille...