La Grande Barrière de corail est en danger. Pour tenter de la préserver, une banque de sperme de corail a été constituée. Elle pourrait faire renaître certaines espèces en cas d'extinction et protéger non seulement les coraux mais aussi l'ensemble de l'écosystème qui y est installé.
La Grande Barrière de corail s'étend sur 345.000 km², à l'est de l'Australie. © vlad61/shutterstock.com

La Grande Barrière de corail s'étend sur 345.000 km², à l'est de l'Australie. © vlad61/shutterstock.com

Des scientifiques australiens ont constitué une précieuse banque du sperme dans l'espoir d'assurer l'avenir de la Grande Barrière de corail, menacée par le changement climatique. Quelque 70 milliards de spermatozoïdes et 22 milliards d'embryons coralliens plongés dans l'azote liquide, à -196 °C, sont ainsi conservés au zoo de Dubbo, dans l'État de Nouvelle-Galles du Sud, aux portes du désert australien.

« Nous savons que la Grande Barrière de corail est très, très menacée, en raison de plusieurs phénomènes d'échelle mondiale comme le changement climatique, l'acidification des océans et le réchauffement de l'eau, explique la responsable du projet, Rebecca Spindler. Les cinq prochaines années seront cruciales pour préserver la barrière et capturer le maximum de sa diversité génétique. »

Prélèvement de matériel génétique

Son équipe travaille avec Mary Hagedorn, chercheur au Smithsonian Institute, pour recueillir et congeler des échantillons de la Grande Barrière. Afin de collecter le plus grand nombre possible de cellules reproductives (les gamètes), les scientifiques ont extrait de larges morceaux du récif avant de les immerger dans des bacs, à terre, en attendant fébrilement la période de reproduction qui ne survient que trois jours par an.

La Grande Barrière de corail vue par satellite. © <em>Nasa</em>

La Grande Barrière de corail vue par satellite. © Nasa

Des experts de l'Australian Institute of Marine Science ont ensuite rendu les blocs de corail à la mer en les recollant, littéralement, sur leur site originel. Les scientifiques espèrent constituer une véritable réserve génétique des espèces coralliennes pour le cas où elles ne survivraient pas au réchauffement climatique, à la pollution, au dragage ou aux intempéries, notamment les cyclones.

Banque de sperme : une assurance contre l'extinction

Le sperme et les embryons conservés à Dubbo pourraient permettre la reconstitution in vitro du corail, lequel serait ensuite réimplanté en milieu naturel pour se reproduire et reconstituer la barrière. Un espoir « réaliste » à l'horizon de quelques années, selon Rebecca Spindler.

« Les coraux sont vraiment une espèce unique au monde, différents de tout autre organisme, parce qu'ils présentent des types de reproduction variés, sexuée et asexuée », constate la biologiste Nana Satake. La reproduction asexuée s'effectue par fragmentation (détachement d'un morceau de corail), puis « greffe » ou fixation plus loin sur la roche, où le fragment donnera une nouvelle colonie.

La Grande Barrière de corail : une biodiversité unique

Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, la Grande Barrière s'étend sur environ 345.000 km² le long de la côte est australienne, et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde. Elle abrite 400 espèces de coraux, 1.500 espèces de poissons, 4.000 espèces de mollusques et de nombreuses espèces en danger comme le dugong et la grande tortue verte.

Outre sa biodiversité marine, l'Australie entend pérenniser une source de revenus importante qui rapporte chaque année à l'industrie touristique 4,8 milliards d'euros. Celle-ci a par ailleurs un impact bénéfique sur la barrière, grâce aux infrastructures qui atténuent l'effet des vagues et empêchent, localement, les raz-de-marée.

« Écologiquement, économiquement et socialement, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la barrière », conclut Rebecca Spindler.