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Si le soleilsoleil est essentiel à notre bien-être physiquephysique (sa lumièrelumière favorise la synthèse de la vitamine D) et psychologique (il remonte le moral), il n'en est pas moins dangereux pour la santé. Malgré toutes les campagnes de prévention, chaque année de plus en plus de personnes sont victimes de cancers de la peaucancers de la peau suite à des expositions prolongées ou intensives aux rayons ultraviolets du soleil. Le problème est d'autant plus grave que la fameuse couche d’ozone, une couverture stratosphérique qui englobe la Terre et filtre une partie des rayons ultravioletsultraviolets, est de plus en plus fine...
Nos cousins les animaux peuvent également être victimes d'un trop-plein de soleil, comme cela a été montré en laboratoire au cours d'études sur les mélanomes, mais peu de documentation est disponible en ce qui concerne ceux évoluant dans leur milieu naturel. Des chercheurs se sont alors intéressés au cas particulier des baleines et ont publié leurs observations dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Une peau sans protection
Du fait de l'absence de poils, la peau des baleines est constamment à nue et leur mode de respiration, la lactation et la socialisation les contraint à flirter régulièrement avec la surface. Ces mammifères marins sont donc exposés continuellement et sans protection au soleil et à ses rayons néfastes. Cela n'est pas sans conséquences puisque depuis plusieurs années déjà, les scientifiques observent des lésions cutanées ressemblant étrangement à celles liées à une exposition prolongée au soleil.
Pourquoi les Cétacés, comme cette baleine bleue, sont-ils si nombreux à présenter des coups de soleil ? © Mikebaird, Flickr, CC by 2.0
Pour vérifier ces observations, près de 150 individus de baleines bleues (Balaenoptera musculusBalaenoptera musculus), de grands cachalots (Physeter macrocephalusPhyseter macrocephalus) et de rorquals communsrorquals communs (B. physalus) ont été étudiés de près dans le golfe de Californie, afin de déterminer l'effet des rayons UV sur leur santé. Ces trois espèces ont été choisies pour leur différence de pigmentationpigmentation de peau, un paramètre qui chez l'homme influence fortement les risques de développer des cancers de la peau.
Une augmentation en trois ans
Grâce à des appareils photo très performants et au prélèvement d'échantillons de peau des Cétacés, les chercheurs ont alors pu observer la présence d'un plus grand nombre de lésions sur la peau des baleines bleues que sur celle plus foncée des rorquals. Des analyses histologiques ont permis de montrer que les lésions observées (œdèmeœdème intracellulaire, microvésicules...) sont généralement successives à un coup de soleilcoup de soleil.
Des cellules brûlées par le soleil (des kératinocyteskératinocytes apoptotiques dont l'ADNADN a été endommagé) ont aussi pu être observées sur 95 % des échantillons et s'étendaient sur toutes les couches de la peau, y compris la plus basale chez 56 % des baleines. De plus, les lésions semblaient de plus en plus nombreuses au fil des trois années de cette étude, mais aucune cellule cancéreuse n'a pu être mise en évidence.
Rien ne permet de déterminer avec certitude l'origine de cette évolution. L'amincissement de la couche d'ozone pourrait être responsable mais des différences de couvertures nuageuses pourraient également être impliquées. Quel que soit le facteur, l'augmentation constatée des lésions pourrait se perpétuer et mener à des cancers de la peau, comme ce qui est observé chez les humains qui s'exposent fréquemment. Les Cétacés, déjà menacés d'extinction, semblent donc encore plus vulnérables.