Comme tous les insectes butineurs, ces abeilles solitaires et inoffensives souffrent des mêmes maux que leurs cousines productrices de miel. Dans un jardin, on peut très facilement et sans risque en maintenir un petit élevage, qui plus est passionnant à observer...

Les osmies sont des abeilles solitaires qui apparaissent déjà au mois de mars lorsque les conditions climatiques sont favorables. Elles accompagnent les premières floraisons de fruitiers avant même la reconstitution des colonies d'abeilles sociales. Leur apparition précoce leur confère une importance de premier ordre en matière de pollinisation de nombre d'espèces végétales.

Ces abeilles sont jolies et pas agressives pour un sou. Les accueillir chez vous, sur un balcon ou dans un jardin, ne vous occasionnera aucune nuisance. Le mois de mai est la dernière limite d'installation des nichoirs. Si vous n'avez plus le temps matériel d'en fabriquer, vous pourrez les préparer pour le printemps de l'année prochaine. Mais rien ne vous empêche d'essayer.

Les héberger n'est pas compliqué. Il existe plusieurs façons d'aménager des nichoirs. Vous pouvez récupérer des tubes de roseaux, de bambous ou de sureau d'un diamètre de 8 à 10 mm et d'une longueur de 8 à 10 cm fermés à une extrémité. En général les nœuds naturels des végétaux suffisent, ou alors des bûchettes percées de trous. Afin d'assurer le maintien des branchettes, vous pouvez utiliser une boîte de conserve propre, dans laquelle vous les placerez horizontalement en fagot. Un cadre en bois fera aussi l'affaire.

<em>Osmia cornuta</em> sur une bûchette. © Patrick Straub
Osmia cornuta sur une bûchette. © Patrick Straub

Quel que soit le bois que vous utiliserez, il est impératif qu'il ne soit pas traité. Pour les installations en jardin ou en balcons non couverts, l'idéal serait que les tubes soient en léger retrait de l'aplomb de la boîte pour éviter que la pluie ne mouille les bouchons de terre. Accrochez-les à hauteur des yeux, à l'abri de la curiosité de votre éventuel compagnon à quatre pattes.

Pour profiter d'une observation optimale des larves et de leur évolution, vous pouvez également fabriquer une boîte à couvercle amovible garnie de tubes en plastique translucide fermés à un bout. Il est indispensable que la métamorphose des larves s'effectue dans l'obscurité.

Des feux follets à observer et à photographier

L'observation des osmies est passionnante. Vous pourrez constater la cohabitation de plusieurs espèces, et très probablement des phénomènes de parasitisme de l'un ou l'autre nid par de petits hyménoptères. Vous pourrez également assister à l'aménagement des alvéoles et à leur occultation. Ne vous placez pas dans l'axe du nichoir pour ne pas perturber les repères des insectes, mais plutôt en biais. Vous serez ainsi idéalement placés pour prendre des photos. Mais il vous faudra tirer plus vite que votre ombre car ces abeilles ne sont pas du genre à prendre la pose (moi j'ai de la chance...). Ce sont de vrais feux follets.

Nid d'<em>Osmia rufa</em> sur un roseau. © Patrick Straub

Nid d'Osmia rufa sur un roseau. © Patrick Straub

Cette opération que les enfants pourront également mettre en œuvre dans les écoles avec l'accord de leur enseignant, ne revêt pas qu'un aspect ludique. Il est essentiel pour la sauvegarde des pollinisateurs. En effet, vous n'ignorez pas que nos abeilles sociales, celles qui produisent le miel, sont en mauvaise posture pour diverses raisons. L'usage des pesticides est l'une des causes les plus importantes.

Les produits phytosanitaires toxiques ne sélectionnent pas leurs victimes et les abeilles coloniales ne sont pas les seules à en subir les effets nocifs. Les abeilles solitaires, qui sont des milliers de fois plus nombreuses, en font les frais également. Mais pour ces dernières, il est impossible de quantifier les disparitions. On ne peut que constater que les abeilles sont moins nombreuses qu'auparavant. Alors si nous pouvons les aider à survivre et à prospérer, pourquoi s'en priver. C'est dans notre intérêt.