La vallée du Mékong, qui s'étend sur plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, recèle une biodiversité encore largement inexplorée. En 2016, 115 espèces inconnues ont ainsi été découvertes, annonce le WWF. Pourtant, celles-ci sont menacées par le trafic, qui bat son plein dans la région, alors que les forêts tropicales sont malmenées.
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Un crocodile-lézard et une tortue mangeuse d'escargots : voilà deux des 115 espèces nouvellement découvertes en 2016 dans la région du Grand Mékong, a annoncé le WWF (World Wildlife Fund). La région est régulièrement prospectée par les biologistes car sa biodiversité est aussi grande que les menaces pesant sur elle à cause de l'urbanisation et de l'agriculture.
« Alors que la tendance globale est inquiétante et que les menaces sur les espèces et leur habitat dans la région du Grand Mékong sont importantes, la découverte de ces nouvelles espèces nous donne espoir », a commenté Lee Poston, du WWF, interrogé par l'AFP.
278 espèces nouvellement décrites en deux ans
Le Mékong, qui prend naissance sur les hauteurs de l'Himalaya pour finir sa course au Vietnam, donne son nom à cette vaste région tropicale, largement couverte de jungle, qui s'étend sur le Cambodge, le Laos, la Thaïlande, la Birmanie et la province chinoise du Yunnan. Chaque année, les scientifiques du WWF annoncent la découverte de nouvelles espèces après un long processus d'évaluation par leurs pairs. En 2015, 163 espèces jusque-là inconnues avaient été découvertes (voir ci-dessous). En 2016, les nouvelles venues sont 115, dont 11 amphibiensamphibiens, trois mammifèresmammifères, deux poissonspoissons, 11 reptilesreptiles et 88 plantes, annonce le WWF dans un communiqué. Cela fait donc 278 espèces nouvellement décrites en deux ans.
Souvent, les chercheurs craignent que les espèces ne disparaissent avant même d'avoir été répertoriées, tant le développement de la région est rapide, avec la constructionconstruction de routes et de barrages, mais aussi le trafic d'animaux sauvages. D'ailleurs, sur les 115 découvertes de 2016, la tortuetortue dite « mangeuse d'escargots » (Malayemys isan) a été repérée par hasard par un scientifique thaïlandais sur un marché du nord-est de la Thaïlande.
Deux espèces nouvelles découvertes chaque semaine
Le crocodile-lézard du Vietnam (Shinisaurus crocodilurus vietnamensis) avait été repéré dès 2003 dans la jungle du nord de la Thaïlande, mais il avait fallu plusieurs années pour que les scientifiques réussissent à établir qu'il s'agissait bien d'une nouvelle espèce. Il ne resterait plus que 200 spécimens de cette espèce, menacés par les trafiquants et le développement des mines de charboncharbon.
Depuis vingt ans, plus de 2.500 espèces ont été recensées dans la région, soit deux découvertes chaque semaine. Cependant, un dixième de l'étendue des écosystèmesécosystèmes sauvages de la planète a disparu ces vingt dernières années, selon un rapport de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) publié en septembre 2016.
Le WWF explique la longueur du délai entre la découverte d'une nouvelle espèce et son inscription à sa liste par le fait qu'il faillefaille passer plusieurs étapes, des tests d'identification génétiquegénétique à la comparaison avec les bases de donnéesbases de données mondiales pour s'assurer que l'espèce n'ait pas déjà été répertoriée ailleurs.
Biodiversité : découverte de 163 nouvelles espèces le long du Grand Mékong
Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 26 décembre 2016
Le bassin du Grand Mékong n'a pas encore livré tous ses secrets. De nombreuses nouvelles espèces y sont découvertes chaque année, comme l'indique le rapport annuel du WWF. Hélas, « c'est une course contre la montre » car la construction des routes et barrages ainsi que le trafic les menacent de disparition...
Dans son dernier rapport annuel Species Oddity, livré le 19 décembre, le WWF a annoncé la découverte de 163 nouvelles espèces dans le bassin du Grand Mékong en 2015. Ce fleuve qui naît dans l'Himalaya et traverse six pays d'Asie -- le Vietnam, la Thaïlande, le Laos, le Yunnan (Chine), la Birmanie et le Cambodge -- est visiblement jalonné de nombreuses espèces encore jamais rencontrées. En 2011 (voir l'article plus bas), 126 nouvelles espèces avaient été signalées. Mais depuis 1997, quelque 2.409 espèces ont été recensées, soit une moyenne de deux espèces découvertes par semaine.
Parmi les 163 nouvelles espèces, 126 sont des plantes, neuf des d'amphibiens, trois des mammifères, 14 des reptiles et 11 des poissons. L'une d'elles, une grenouille de litièrelitière aux yeuxyeux orange mesurant 3 cm, Leptolalax isos, avait été remarquée en 2006 au Cambodge et au Vietnam, mais il a fallu près de 10 ans pour vérifier qu'il s'agit bien d'une espèce inconnue.
L'une des plus étonnantes que les scientifiques ont croisées, en particulier au nord du Laos, est probablement Parafimbrios lao baptisé serpent arc-en-ciel pour ses écailles qui en reflètent les couleurscouleurs. Il y a aussi Tylototriton anguliceps, un genre de triton à la robe noire et orangée qui vit dans les montagnes au nord de la Thaïlande et fait penser aux Klingons, habitants de Kronos dans Star Trek...
Une réserve de biodiversité particulièrement menacée
Beaucoup d'espèces restent encore à découvrir, mais comme le soulignent les auteurs de ce rapport : « c'est une course contre la montre pour faire en sorte que ces espèces nouvellement découvertes soient protégées ». La région du bassin du Mékong est en effet le théâtre de déforestationsdéforestations importantes, de constructions galopantes de barrages et de routes, sans oublier la culture de pavot (le fameux Triangle d'or) et le trafic d'animaux sans aucun égard à la préservation de la biodiversité.
Bref, une zone de non-droit où « de nombreux collectionneurs sont prêts à débourser des milliers de dollars pour des spécimens rares et en danger », s'inquiète un des membres de l'équipe Grand Mékong, Jimmy Borah. Certaines espèces ont même été inscrites sur la Liste rouge de l’UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature) comme vulnérables et en danger.
En images : 126 espèces découvertes dans le Mékong en 2011 !
Article de Delphine BossyDelphine Bossy publié le 24/12/2012
Le Mékong traverse six pays dans le sud de l'Asie, et fascine par la richesse de sa biodiversité. Le WWF vient de publier la 5e édition de son rapport annuel sur les nouvelles espèces découvertes. La récolte 2011 apporte 126 nouvelles espèces parmi lesquelles les plantes et reptiles sont à l'honneur. Plongée en images dans l'étonnante biodiversité de la région.
Le Mékong parcourt 4.350 km et traverse la Chine, le Laos, le Myanmar (ou Birmanie), la Thaïlande, le Cambodge puis se prolonge jusqu'au Vietnam où il est traditionnellement appelé « fleuve des neuf dragons ». S'il n'est que le 4e fleuve d'Asie pour le débitdébit, les régions du Mékong fascinent par les mystères qu'elles ont su conserver et l'étonnante biodiversité qu'elles hébergent. Pour la cinquième année consécutive, le WWF a édité son rapport annuel, titré Extra Terrestrial, présentant les nouvelles espèces décrites en 2011 dans cette partie du monde.
Depuis 1997, 1.710 espèces végétales et animales ont été découvertes dans le bassin de ce fleuve. Pour l'année 2010, le WWF comptait 208 nouvelles espèces dans les régions du Mékong. Cette année, dans la région du grand Mékong, qui inclut le Cambodge, le Laos, le Myanmar, la Thaïlande, le Vietnam et la province du Yunnan en Chine, le rapport fait état de 126 nouvelles espèces.
Cette année, les plantes sont à l'honneur, avec 82 nouvelles espèces. Les palmiers, magnolias, bananiers, caféiers et le gingembre accueillent tous de nouveaux membres. Les orchidées ont également une nouvelle espèce, Coelogyne pachystachya, qui s'était fait connaître quelques années plus tôt. Cette orchidéeorchidée découverte par hasard en Thaïlande sur des photographiesphotographies publiées en 2006 et 2007 par des touristes obtint son nom en 2011 lorsque des botanistesbotanistes de l'université de Leyde, en Hollande, ont confirmé qu'elle n'avait jamais été décrite.
Du côté de la faunefaune, 13 nouvelles espèces de poissons, 5 de mammifères, 5 d'amphibiens et 21 de reptiles ont été référencées. Parmi toutes ces nouvelles espèces, le nouveau Belzébuth (Murina beelzebub) marquera les esprits !
Cette chauve-souris découverte uniquement au Vietnam impressionne par son neznez en forme de tube. C'est une espèce tropicale, découverte avec deux autres espèces de chauve-sourischauve-souris par des biologistes hongrois.
126 espèces nouvelles, mais déjà en danger
Si le Vietnam abrite d'étranges vampires, il loge également de stupéfiantes vipères. Avec ses yeux d'un rouge vif, le serpent a été baptisé vipère verte aux yeux rubis (Trimeresurus rubeus). Il fut découvert dans les forêts proches d'Hô-Chi-Minh-Ville. Les scientifiques connaissent très peu l'espèce. On sait que ces serpents sont arboricolesarboricoles, mais chassent également sur le sol, où ils peuvent capturer des grenouilles.
La région du Yunnan est celle qui compte le plus de découvertes : 46 nouvelles espèces ont été trouvées. On en compte 36 au Vietnam, 28 en Thaïlande, 9 au Cambodge, 8 au Myanmar et 5 au Laos. Chaque année, le nombre de nouvelles espèces découvertes autour du Mékong impressionne. Toutefois, à peine découvertes, elles paraissent déjà menacées.
Des campagnes anti-braconnages sont mises en place
Le fleuve abrite plus de 850 espèces différentes, mais, entouré par plus de 60 millions d'habitants, il est victime de la surpêchesurpêche. En outre, au Laos, la construction d'un barrage, le Xayaburi, est une grave menace pour l'écosystème aquatique. « Le barrage de Xayaburi deviendrait une barrière infranchissable pour de nombreuses espèces de poissons, ce qui signerait ainsi la disparition de nombreuses espèces connues et encore inconnues » explique Nick Cox, directeur des programmes Espèces au WWF Mékong.
De nombreuses espèces sont tropicales et par conséquent très sensibles à la déforestation. Or, ces 40 dernières années, 30 % des forêts de la région du Grand Mékong ont disparu. L'impact de l'Homme est d'autant plus fort qu'il chasse dans la région. Même si des campagnes contre le braconnage sont actuellement en place, le marché est tellement lucratif qu'il n'est pas près de s'arrêter. Les serpents sont les espèces les plus en danger car leur viande et leur peau sont très demandées.