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Triste anniversaire ce vendredi 2 février 2018 : celui du célèbre volcanologuevolcanologue Haroun TazieffHaroun Tazieff, né à Varsovie le 11 mai 1914, qui nous a quittés il y a 20 ans, à l'âge de 83 ans. Décédé des suites d'un cancercancer, il est enterré au cimetière de Passy à Paris. On peut facilement trouver sa tombe car elle se distingue par la présence d'une reproduction de la célèbre fresque maya du sarcophage de Palenque.
Dans son bureau, Haroun Tazieff, directeur de recherches au CNRS, résume son parcours de jeunesse depuis ses 10 ans : ses origines étrangères et son accent moqué à l'école, ses résultats scolaires, son envie de devenir marin qui allait l'amener à son rêve : être explorateur polaire ! Puis son coup de foudre pour la montagne qu'il n'avait jamais vue, son intérêt pour les études de géologie, et son nouveau coup de foudre devant un volcan au Congo qui l'a amené à devenir volcanologue. Des images du volcan Nyiragongo sont insérées dans l'entretien. © 2017 Institut national de l'audiovisuel
Futura a consacré plusieurs articles à cette figure du monde scientifique très appréciée des Français avec le commandant Cousteau. C'est l'occasion de les relire. On pourra consulter aussi un article que lui a consacré le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff sur son blog qui renvoie à une interview qu'il a donnée à France-Inter.
L'Ina conserve de nombreux extraits d'émissionsémissions télévisées en présence d'Haroun Tazieff comme le montre l'article ci-dessous.
Haroun Tazieff : l'Ina rend hommage au grand volcanologue
Article de Laurent SaccoLaurent Sacco publié le 08/09/2015
L'année 2014 a été l'occasion de célébrer le centenaire de la naissance d'Haroun Tazieff. L'Ina lui rend hommage depuis quelque temps en multipliant les extraits disponibles en ligne. On trouve entre autres actuellement un documentaire produit avec son aide et contenant des images et des témoignages inédits sur l'affrontement entre le célèbre volcanologue et le géochimiste Claude Allègre en 1976, lors de la menace d'éruption du volcan de la Soufrière, en Guadeloupe.
« Haroun Tazieff, c'était mon modèle », révélait le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, qui donnera une conférence à Vulcania le vendredi 11 septembre à 18 h 30, lors d'une interview au journal L'Internaute. D'autres Homo vulcanicus, tels Maurice et Katia KrafftKatia Krafft mais aussi le volcanologue Patrick Allard, ont attrapé adolescent le virus de la volcanologie grâce aux films d'Haroun Tazieff. Ceux-ci ont émerveillé plusieurs générations de Français à partir de la fin des années 1950 jusqu'aux années 1990, un peu à la manière des expéditions de l'équipe Cousteau à bord de la Calypso.
Haroun Tazieff est un peu oublié aujourd'hui et sa vie extraordinaire, hors des sentiers battus, reste encore méconnue malgré la biographie que son fils, Frédéric Lavachery, a publié l'année dernière aux éditions L'Archipel, sous le titre Un volcan nommé Haroun Tazieff, à l'occasion du centenaire de son père. Une des raisons qui expliquent partiellement cette curieuse amnésieamnésie provient peut-être de l'antagonisme entre Haroun Tazieff et le géochimiste Claude Allègre, prix Crafoord (l'équivalent du prix Nobel dans les sciences de la Terre) qui a culminé en 1976 lors de la fameuse crise de la Soufrière, en Guadeloupe.
Tazieff/Allègre, la guerre des volcans, tel est le nom du documentaire de l'Ina et Ekla Production. © Institut national de l'audiovisuel, Ekla Production
Tazieff et Allègre, la guerre des volcans
Un documentaire sur cette affaire a été diffusé à la télévision jeudi 23 avril 2015 et est maintenant disponible en ligne sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel Ina.fr. Il s'agissait d'une coproduction de l'Ina et d'Ekla Production avec la participation de France 5, du CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) et de la région Guadeloupe. Le synopsis sur le site d'Ekla Production résume assez bien la nature de l'opposition entre Haroun Tazieff et Claude Allègre en reprenant deux de leurs déclarations :
- « La volcanologie est une science comme la médecine : il faut du doigté, du sang froid, de l'énergieénergie, de l'habitude et l'expérience du terrain. Les études de laboratoire ne suffisent pas. » Haroun Tazieff, 1976 ;
- « Tazieff n'est pas un chercheur, c'est un explorateur. Il en faut mais il n'a pas sa place dans un organisme d'état... il est ingérable. » Claude Allègre, 1977.
Plusieurs figures des géosciences en France, ayant connu aussi bien Claude Allègre que Haroun Tazieff, nous parlent de ces deux hommes qui ont marqué les Français. Les témoignages du volcanologue Patrick Allard, de Claude Jaupart, l'actuel directeur de l'Institut de physiquephysique du Globe de Paris (IPGP) - poste qu'avait occupé Claude Allègre avant lui -, accompagnent ceux de Jacques Varet, qui a joué un rôle important dans l'essor de la tectonique des plaques grâce aux expéditions menées dans la dépression de l'Afar par Haroun Tazieff, et Jean-Louis Le Mouël, l'un des plus éminents spécialistes français du géomagnétismegéomagnétisme et un collaborateur proche de Claude Allègre. Frédéric Lavachery et Marcel Bof, ingénieur au Commissariat à l'énergie atomique ayant accompagné Tazieff sur la Soufrière en 1976, nous parlent aussi de l'opposition entre Allègre et Tazieff.
Dans la dépression de l'Afar, dans la corne de l'Afrique, une expédition scientifique fait route pour étudier le volcan Erta Alé. Dans cette interview, le volcanologue Haroun Tazieff évoque son expédition et l'activité volcanique. Un témoignage accompagné d'images d'illustration de l'expédition sur le volcan, de son équipe au travail, des archives des films Etna 71 et de son expédition dans l'Afar. © Institut national de l'audiovisuel, Office national de radiodiffusion télévision française
Haroun Tazieff et les volcans océaniques
Si Claude Allègre s'est fait un nom en étant l'un des premiers géochimistes à travailler sur les échantillons de roches lunaires et en contribuant à l'adoption de la théorie de la tectonique des plaques dans les années 1970, Haroun Tazieff a quant à lui fait partie des pionniers de la volcanologie. Il avait compris avant beaucoup de géologuesgéologues que le volcanismevolcanisme constituait un élément fondamental de la vie de la planète. Ardent défenseur de la théorie de la dérive des continents, alors qu'elle était encore raillée par la quasi-totalité des spécialistes en géosciences, à la fin des années 1950, Haroun Tazieff a, de manière indirecte, fortement contribué à son adoption par la communauté scientifique grâce à l'exploration de la dépression de l'Afar, où il a mené de nombreuses expéditions à la fin des années 1960 avec Giorgio Marinelli, Franco Barberi, Jean-Louis CheminéeCheminée et Jacques Varet. Une évaluation de ses contributions aux géosciences est disponible dans un article des Annales des Mines que lui a consacré Jacques Varet.
Sur des images retraçant la naissance de l'île Surtsey, au sud de l'Islande, Haroun Tazieff explique les phénomènes volcaniques sous-marins. Les recherches océanographiques prouvent que la partie qui forme le plancher des océans est d'origine volcanique : il s'agit de basalte. © Institut national de l'audiovisuel
Il y a quelques années, un documentaire mettant en scène un jeune géochimiste prometteur de l'université libre de Bruxelles, Robin Campion, était déjà l'occasion de revenir sur la trajectoire d'Haroun Tazieff et son affrontement avec Claude Allègre grâce aux témoignages de François « Fanfan » Le Guern, un collaborateur proche d'Haroun Tazieff, mais aussi de Frédéric Lavachery qui venait de fonder le Centre Haroun Tazieff pour les sciences de la Terre. De superbes images des éruptions du StromboliStromboli accompagnent ces témoignages, comme on peut le constater en visionnant ce documentaire disponible via les liens ci-dessous :