au sommaire
Vue du volcan englacé de Cayambe (5790m) émergeant d'une mer de nuages. Photographie prise depuis le sommet du volcan Sumaco, dans le cadre du programme "processus et aléas volcaniques" (UR 031)
© IRD Eissen, Jean-Philippe
Cet édifice endormi et glacé, culminant à 5 790 mètres, risque de se réveiller à tout moment et menace ainsi plus de 30 000 personnes. « Ce volcan explosif alternealterne des périodes d'activité et de repos de plusieurs centaines d'années, indique Pablo Samaniego, de l'IG-EPN. Il est donc important de retrouver ses archives géologiques afin de comprendre son comportement passé, pour anticiper ses réactions futures. »
Pour cartographier et reconstituer l'histoire de ce volcan, vieux de un million d'années, plusieurs années de recherches pluridisciplinaires ont été nécessaires. Elles ont permis de comprendre les grandes phases de sa constructionconstruction et d'identifier ses principaux dépôts. Pour connaître en détail l'activité des derniers millénaires, les chercheurs ont ensuite étudié des dépôts de cendres conservés dans une tourbière sur le flanc ouest du volcan. Cet endroit humide, véritable piège à sédiments, renferme de précieuses informations sur le type et l'intensité des éruptions récentes. Les scientifiques ont réussi à les dater grâce à l'analyse au carbonecarbone 14 et ont révélé qu'après une longue période d'inactivité, le Cayambe a connu, au cours des quatre derniers millénaires, trois périodes éruptiveséruptives de 700 ans environ, alternant avec des phases de repos de 500 à 600 ans. Lors de ces périodes d'activité, le volcan a eu 23 éruptions moyennement à fortement explosives, soit plus d'une par siècle. Or la dernière période de ce type n'est peut-être pas encore achevée.
Cayambe face ouest. Le vieux Cayambe basal et le Nevado Cayambe actif depuis les environs de Ayora. Le volcan Cayambe a connu 3 périodes éruptives de 700 ans en moyenne, séparées par des phases de repos de l'ordre de 500 à 600 ans.
© IRD © Monzier, Michel
Face aux risques potentiels, les chercheurs ont établi une « carte de menaces » en croisant informations géologiques, volcanologiques et chronologiques. Elle indique les zones susceptibles d'être affectées suivant le type d'éruptions - nuées ardentes, coulées de boue ou retombées de cendres - et leur intensité. Ces résultats ont permis d'optimiser le réseau de surveillance géré par L'IG-EPN de Quito. Et un petit livret en espagnol a même été édité pour sensibiliser les populations locales et leur expliquer quel comportement adopter en cas d'éruption. Toujours le vieil adage...
Lætitia Louis-Hommani
1. Laboratoire CNRS / Université Clermont-Ferrand-II / Université St-Étienne / IRD.
Contact
Jean-Philippe Eissen
Laboratoire « MagmasMagmas et volcans », Clermont-Ferrand
[email protected]