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Pour l'immense majorité des enfants du millénaire, le nom de Haroun TazieffHaroun Tazieff (et peut-être même celui de Cousteau) ne dira probablement pas grand-chose. Mais, pour la génération X, et plus encore celle des baby-boomers, c'est un nom mythique, qui invite au rêve ainsi qu'à la science ; dans certains cas, il est même à l'origine d'une vocation, celle de volcanologuevolcanologue.
Plusieurs générations de Français, à partir de la fin des années 1950 jusqu'aux années 1990, se sont ainsi émerveillées devant ses films et documentaires. En 1959, il réalisa son premier long métrage, Les Rendez-vous du diable, qui marqua durablement les esprits, puis, en 1966, Le Volcan interdit, film nommé aux Oscars en 1967 et qui avait pour sujet le volcan Nyiragongo, en République démocratique du Congo (Haroun Tazieff fut le premier à le gravir victorieusement pour y découvrir, en 1948, le plus important lac de lave permanent au monde).
Parmi les documentaires produits par Haroun Tazieff, il en est un, mythique, qui comporte sept parties de 52 minutes chacune et qui a été réalisé par Jean-Luc Prevost. Intitulé Haroun Tazieff raconte sa Terre (il s'agissait de sa vision personnelle de la Planète bleuePlanète bleue, et donc d'un titre choisi avec humilité), il est passé en 1984 à la télévision avec de superbes images, mais surtout une bande-son magique et envoûtante que l'on doit au compositeur Robert Viger.
Il reste malheureusement très peu de traces de ce documentaire. Toutefois, Futura vous présente aujourd'hui, en exclusivité, un extrait de l'une des parties du documentaire, celle traitant de la dépression de l'Afar, qui contient le lac Assal et un autre lac de lave permanent, celui du volcan Erta Ale.
Extrait d'un des épisodes du documentaire Haroun Tazieff raconte sa Terre. © BRussel2017
Haroun Tazieff, la volcanologie et la tectonique des plaques
Les autres extraits sur YouTubeYouTube :
- Haroun Tazieff raconte sa Terre, partie 2 ;
- Haroun Tazieff raconte sa Terre, partie 3 ;
- Haroun Tazieff raconte sa Terre, partie 4.
Haroun Tazieff n'était pas qu'un des pionniers de la volcanologie qui avait compris avant beaucoup de géologuesgéologues que le volcanisme constituait un élément fondamental de la vie de notre planète. Comme le montre un extrait d'un autre documentaire, également presque tombé dans l'oubli, Le FeuFeu de la Terre, c'était également un ardent défenseur de la théorie de la dérive des continents d'Alfred WegenerAlfred Wegener, alors qu'elle était encore raillée par la quasi-totalité des spécialistes en géosciences, à la fin des années 1950 (voir vidéo ci-dessous).
Un extrait du documentaire Le Feu de la Terre parlant des expéditions de Haroun Tazieff dans la dépression de l'Afar et de sa découverte, alors qu'il était résistant pendant la seconde guerre mondiale, de la théorie de la dérive des continents, bien visible par ses conséquences dans cette dépression africaine. © BRussel2017
Haroun Tazieff et Claude Allègre, le duel
Les deux documentaires illustrent donc le fait que Haroun Tazieff a, de manière indirecte, fortement contribué à l'adoption par la communauté scientifique de la théorie de la dérive des continents, grâce à l'exploration de la dépression de l'Afar, où il a mené de nombreuses expéditions à la fin des années 1960, avec Giorgio Marinelli, Franco Barberi, Jean-Louis CheminéeCheminée et Jacques Varet.
Une évaluation de ses contributions aux géosciences est disponible dans un article des Annales des Mines, que lui a consacré Jacques Varet. L'éminent géologue et compagnon de route de Haroun Tazieff n'a ainsi pas hésité à dire, lors d'une des Journées Tazieff, organisées par son fils, Frédéric Lavachery, fondateur du Centre international Haroun Tazieff pour les sciences de la Terre (CHT), que les membres de ces expéditions sont en grande partie à l'origine de l'acceptation par la communauté des géosciences de la théorie de la tectonique des plaques, puisque l'exploration, en 1967 et 1968, du fossé d'effondrementeffondrement où se situent les volcans de la chaîne de l'Erta Ale, a contribué à la validation de la théorie en démontrant que la mer Rougemer Rouge et la dépression de l'Afar, en Éthiopie, sont un océan en formation.
Un film de l'INA sur le célèbre conflit entre Haroun Tazieff et Claude Allègre, La Guerre des volcans. © Archipel des Sciences
Haroun Tazieff est injustement oublié aujourd'hui et sa vie extraordinaire, hors des sentiers battus, reste encore méconnue malgré la biographie que son fils, Frédéric Lavachery, a publiée en 2014 aux éditions L'ArchipelArchipel, sous le titre Un Volcan nommé Haroun Tazieff, à l'occasion du centenaire de son père. Une des raisons expliquant partiellement cette curieuse amnésieamnésie provient peut-être de l'antagonisme entre Haroun Tazieff et le géochimiste Claude Allègre, prix Crafoord (l'équivalent du prix Nobel dans les sciences de la Terre) qui a culminé en 1976, lors de la fameuse crise de la Soufrière, en Guadeloupe (voir la vidéo ci-dessus).
Quant au célèbre volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, qui possède un blog mis à sa disposition par Futura, il n'a pas hésité à dire : « Haroun Tazieff, c'était mon modèle ». D'autres HomoHomo vulcanicus, tels Maurice et Katia Krafft, mais aussi le volcanologue Patrick Allard, ont attrapé, adolescents, le virus de la volcanologie grâce aux films de Haroun Tazieff. Espérons que la mise en ligne des extraits de ses plus beaux documentaires suscitera de nouvelles vocations. Une page FacebookFacebook est consacrée au volcanologue : Haroun Tazieff Officiel.