On le sait depuis longtemps mais rares étaient les observations : la foudre figure souvent au menu des éruptions volcaniques. Juste après un premier réveil du Mont Augustine, des chercheurs américains ont placé des récepteurs face au volcan, au cas où. Bonne pioche !

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    Le Mont Augustine, le 26 mars 2006. Retour au calme après la période éruptive. ©Crédit : Alaska Volcano Observatory/USGS

    Le Mont Augustine, le 26 mars 2006. Retour au calme après la période éruptive. ©Crédit : Alaska Volcano Observatory/USGS

    C'est probablement le phénomène le plus fugace qu'un géologuegéologue puisse étudier : l'émissionémission d'éclairs au moment de l'éruption d'un volcan. Le phénomène est connu depuis des siècles et on sait l'expliquer, au moins dans ses grandes lignes. Les poussières émises par le volcan sont électriquement chargées et le nuage qui se forme peut facilement se décharger, comme un cumulonimbus d'orage.

    Pour étudier plus précisément ces manifestations éphémères, des volcanologuesvolcanologues de l'Alsaka Volcano Observatory se sont associés à de véritables chasseurs d'éclairs professionnels, en l'occurrence l'équipe de Ronald Thomas, du Langmuir Laboratory (université New Mexico Tech), qui traque les manifestations radioélectriques de l'atmosphèreatmosphère partout dans le monde et travaille aussi avec la NasaNasa.

    Les 11 et 13 janvier 2006, le Mont Augustine, un volcan actif, situé sur l'île du même nom, dans le détroit de Cook, en Alaska, est entré en éruption. Profitant d'une accalmie, les chercheurs ont sauté dans un hélicoptèrehélicoptère, emportant deux récepteurs spéciaux pour les installer sur deux sites, à moins de cent kilomètres du volcan, à Homer et à Anchor. Mis au point au laboratoire Langmuir et d'ailleurs baptisé LMA, pour Langmuir Laboratory's Lightning Mapping Array, cet instrument a déjà servi à cartographier une multitude de phénomènes orageux, en enregistrant une activité radioélectrique sur une large bande de fréquencesbande de fréquences. L'idée n'est pas d'obtenir de belles images, en effet, mais de saisir toute l'étendue de l'émission radio.

    Touristes fortunés en goguette ? Non. Volcanologues entre deux éruptions (le volcan est derrière), par quelques degrés au-dessous de zéro. Etudiants en géologie, sachez ce qui vous attend si vous choisissez l'option Volcanologie… <br />&copy; Langmuir Lab

    Touristes fortunés en goguette ? Non. Volcanologues entre deux éruptions (le volcan est derrière), par quelques degrés au-dessous de zéro. Etudiants en géologie, sachez ce qui vous attend si vous choisissez l'option Volcanologie…
    © Langmuir Lab

    Trente coups de tonnerre par minute

    L'audace et l'opportunisme ont payé : le 27 janvier 2006, le Mont Augustine crachait de nouveau de la lavelave et les deux enregistreurs ont pu suivre la totalité du phénomène. Plus de trois cents décharges radioélectriques ont été détectées, plus qu'aucun volcanologue n'avait pu en étudier jusque-là. Mais il fallait faire vite : ce déluge radio n'a duré que dix minutes ! Par un coup de chance non prévu, il est apparu que les réflexions des ondes radio sur le détroit de Cook avaient causé des interférencesinterférences sur l'un des deux instruments et enrichi les informations recueillies.

    Il a fallu une année pour dépouiller ces résultats, qui viennent d'être publiés dans la revue Science. En plus des décharges depuis le nuage de cendres et de poussières, les chercheurs ont observé un nouveau type de phénomène radioélectrique : des éclairs semblant émaner de la bouche même du volcan, au tout début de la phase éruptiveéruptive. Il semble que les volcanologues tiennent là un nouveau moyen de caractériser les éruptions. Les chercheurs pensent en effet que toutes ne donnent pas lieu aux mêmes phénomènes radioélectriques. L'expérience sera poursuivie et des enregistreurs seront placés cet été sur le Mont Cleveland, un volcan situé tout au bout de la péninsulepéninsule de l'Alaska, à deux pas des îles Aléoutiennes.