Les scientifiques continuent d’étudier les causes de l’éruption de l’Anak Krakatoa dont le tsunami a ravagé les côtes indonésiennes en 2018. Il apparait notamment que ce serait l’effondrement du flanc qui aurait provoqué une augmentation de l’intensité de l’éruption, et non l’inverse comme on le pensait jusqu’à présent.


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    Le 22 décembre 2018, l'Anak Krakatoa, situé au large des îles de JavaJava et de Sumatra, entrait dans une violente phase éruptiveéruptive. Ce sursautsursaut d'activité avait été accompagné d'un effondrementeffondrement d'un flanc du volcan, générant un tsunami dévastateur qui avait frappé les côtes indonésiennes. Cette catastrophe avait fait plus de 400 morts et 14.000 blessés. Sans compter les dégâts matériels très importants.

    Une famille de volcans très destructeurs

    En ce sens, l'éruption de 2018 a été l'une des plus dévastatrices de l'histoire récente et les scientifiques continuent d'étudier les mécanismes qui ont conduit à cette catastrophe et pourquoi elle fut si violente. La région est pourtant coutumière des éruptions volcaniques avec plus de 100 volcans en activité. Il va cependant sans dire que l'Anak Krakatoa porteporte sur ses épaules une histoire géologique bien meurtrière. Le « fils du Krakatoa » est en effet le descendant de l'un des plus dangereux volcans qu'ait connu l'histoire humaine. En 1883, l’explosion du Krakatoa provoquait en effet un gigantesque tsunami, avec une vague haute de plus de 8 étages, entraînant la mort de 36.000 personnes sur les îles situées aux alentours. L'Anak Krakatoa s'est ensuite formé progressivement sur les restes du volcan décapité, par le biais de multiples éruptions moins dévastatrices. Jusqu'en 2018.

    L'archipel de Krakatoa en 2001. L'actuel volcan actif, l'Anak Krakatoa, se trouve au centre de l'ancienne caldéra de son prédécesseur, le terrible Krakatoa. © Sémhur, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    L'archipel de Krakatoa en 2001. L'actuel volcan actif, l'Anak Krakatoa, se trouve au centre de l'ancienne caldéra de son prédécesseur, le terrible Krakatoa. © Sémhur, Wikimedia Commons, domaine public

    Six mois avant l'éruption, l'Anak Krakatoa a commencé à s'agiter doucement, produisant de petites éruptions n'inquiétant pas la population. La situation a pourtant brusquement changé dans la soirée du 22 décembre, lorsqu'un important glissement s'est produit sur l'un des flancs. Cette énorme massemasse de débris magmatiques s'est effondrée dans l'océan, initiant la vague de tsunami dévastatrice. Immédiatement après, l'activité du volcan s'est intensifiée dans une phase de violente explosivité.

    Qui est arrivé en premier : l’éruption ou l’effondrement ?

    Rapidement après l'éruption, des scientifiques se sont rendus sur place pour étudier et comprendre l'enchaînement des événements ayant mené à cette catastrophe. Ils ont notamment remarqué que les téphras formés juste après le glissement de terrain contenaient des cristaux bien plus petits que ceux formés avant l'effondrement du flanc du volcan. En combinant cette information avec d'autres observations, les scientifiques ont conclu que l'effondrement était une résultante de l'activité volcanique et que cet événement avait agi comme une valve de surpression, permettant le relâchement brutal de la pressionpression à l'intérieur des conduits magmatiques. En s'épanchant rapidement hors du volcan par ce nouvel évent, le magma se serait refroidi rapidement, entraînant la formation de cristaux très petits.

    L'Anak Krakatoa en 2008. © flydime, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.0
    L'Anak Krakatoa en 2008. © flydime, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    Dans un premier temps, les chercheurs pensaient donc que l'éruption était à l'origine de l'effondrement. Un schéma d'ailleurs classique et observé sur de nombreux volcans. C'est notamment ce qui s'est passé lors de l’éruption du mont Saint Helens, en 1980. Mais de nouvelles investigations, menées par les mêmes scientifiques, sont venues contredire cet enchaînement. Il apparait que les données sont mieux expliquées par un procédé inverse. Ce serait donc le glissement de terrain qui aurait provoqué l'éruption. Il n'y aurait ainsi pas eu, en amont de l'effondrement, de changement significatif de la dynamique magmatique. L'effondrement aurait résulté de l'instabilité croissante des flancs du volcan face à l'augmentation de l'édifice. C'est la décharge soudaine liée au glissement de terrain qui aurait perturbé le système magmatique, faisant basculer le volcan dans une phase de forte intensité.

    Ce changement de point de vue est important puisqu'il permet d'envisager la mise en place d'un système d'alerte au tsunami en monitorant l'édifice volcanique et en identifiant les zones sujettes à une instabilité. L'étude, publiée dans Earth and Planetary Science Letters, montre la fine balance qui existe entre la charge exercée par l'édifice volcanique et la dynamique du réservoir magmatique en profondeur.

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