Au fond des gorges de Guajataca, situées au nord-ouest de Porto Rico, des scientifiques ont découvert une nouvelle espèce de « gelée en peigne », soit de cténophore. Contrairement aux pratiques habituelles, aucun spécimen n'a été rapporté en laboratoire. La trouvaille se base uniquement sur des preuves... vidéo.
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Lors d'une expédition dans les profondeurs des gorges de Guajataca, en 2015, des scientifiques ont filmé ce qui semblait être une nouvelle espèce. « C'était un organisme magnifique et unique », se remémore Michael Ford, l'une des personnes ayant participé à cette aventure. Près de cinq ans plus tard, l'information est confirmée : Duobrachium sparksae est un cténophore décrit pour la première fois ! Et ce, uniquement grâce aux vidéos enregistrées sous l'eau. « Les caméras du robotrobot Deep Discoverer [télécommandé, ndlr] sont capables d'obtenir des images haute résolutionrésolution et de mesurer des structures de moins d'un millimètre », se passionne Allen Collins, coauteur de l'étude parue dans Plankton and Benthos Research.
Non seulement Duobrachium sparksae est une nouvelle espèce, mais il s'agit également d'un nouveau genre d'espèces. Tout du moins, d'après les images. « Lorsque nous avons fait ces observations, nous étions à 4.000 mètres de profondeur, à l'aide d'un véhicule éloigné, et nous n'avions pas les capacités de prélever un échantillon », reconnaît Michael Ford. Bien que l'identification vidéo puisse être controversée, la communauté scientifique n'a rendu aucun retour négatif sur cette annonce. Aux yeuxyeux d'Allen Collins, nul doute, c'est « un très bon exemple de la manière de procéder correctement avec la vidéo ».
Si certains regrettent l'absence de matériel biologique, Allen Collins tempère ces propos : « Même si nous avions eu le matériel [pour collecter un échantillon], il y aurait eu très peu de temps pour traiter l'animal car les animaux gélatineux ne se conservent pas bien. » Les « gelées en peigne », comme sont surnommés les cténophorescténophores, se dégradant encore plus vite que les méduses. Dont ils ne sont pas cousins, malgré la ressemblance.
Le comportement d'un ballon d'air chaud
Durant cinq années, des scientifiques se sont penchés sur les moindres détails de ces vidéos. Pour déceler chaque caractéristique du nouveau cténophore. Son corps, long de quelque six centimètres, est rectangulaire ou arrondi selon le sens de l'observation. Ses deux bras tentaculaires donnent chacun naissance à une tentacule secondaire, appelée « tentille », paraissant extensible. Surtout, l'espèce a « un mouvementmouvement intéressant », indique Michael Ford. Un mouvement que le chercheur détaille : « Il s'est déplacé comme un ballon à airair chaud attaché au fond marin sur deux lignes, maintenant une altitude spécifique [...] qu'il soit attaché au fond marin, nous ne sommes pas sûrs [...] mais il semble que l'organisme touche le fond marin. »
Montgolfière mise à part, un autre mystère reste à éclaircir. « Nous ne sommes pas sûrs de leur rôle dans l'écosystème », confie le même homme. Peut-être, Duobrachium sparksae joue-t-il un rôle similaire à d'autres cténophores. Ces prédateurs capturant leurs proies à l'aide de leurs tentacules : plancton, larves d'animaux marins, vers marins, crustacés, et parfois petits poissons. Comme toute espèce partisane de la prédation, les cténophores sont cruciaux pour le maintien de l'équilibre écologique, notamment par la régulation que leur chasse constitue.
Leur surnom « gelée en peigne » - qui ne laisse pas présager une grande agressivité, à tort ou à raison - provient de leurs cilscils. Ces organismes sont généralement parés de huit rangées de cils en forme de peigne. Lesdits cils battant en rythme tandis que le cténophore pagaie dans l'eau, tout en réfractant la lumièrelumière en couleurscouleurs, ainsi que le rapporte NOAA.