Alors que le deuxième opus de la saga Avatar bat toujours des records d'audience en salle, Futura se propose de regarder d'un peu plus près la biologie marine qui s'y trouve. Avatar : la Voie de l'eau est-il réaliste ? 

Après 13 ans d'attente, le deuxième volet d'Avatar est finalement sorti en salle, explosant au passage les records d'entrées au box-office ! L'intrigue se déroule plus de 10 ans après, alors que les héros Jake Sully et Ney'tiri ont plusieurs enfants. Les « habitants qui viennent du ciel » sont repartis sur Terre, laissant libres la faune et la flore de Pandora.

Mais c'est sans compter sur le colonel Miles Quaritch, que l'on croyait mort. Un clone de lui se rend sur Pandora sous forme d'avatar Na'vi, avec implanté en lui les souvenirs du réel colonel. Et avec pour intention de se venger et de tuer Jake Sully. La famille Sully décide alors de fuir leur tribu Omaticaya, et se rend chez un autre peuple Na'vi : les Metkaniya, vivant au niveau d'un récif rappelant étrangement certains récifs coralliens du Pacifique. La biodiversité y prospère, permettant de découvrir après l'univers des forêts tropicales de Pandora, celui des des fonds marins. Mais quelle réalité derrière cette biologie marine ?

Bande-annonce du film Avatar : La Voie de l'eau.

La Voie de l'eau, où très peu de l'eau est réelle

D'abord, l'eau. On pourrait penser que tout ou une grande partie a bien été filmé dans de l'eau puis travaillé, mais ce n'est pas le cas ! Presque toute l'eau est entièrement générée par ordinateur ! Compliquant la tâche de Weta FX, responsable des effets visuels d'Avatar. Les équipes sont pour l'occasion devenues expertes en hydrodynamique ! 

Autre complication : la physique de Pandora. En effet, comme vu dans un précédent article de Futura, la gravité équivaut à 75 % de la gravité terrestre sur Pandora. De plus, Pandora est le satellite d'une planète, Polyphème, qui en compte 14 au total. Les effets gravitationnels devraient donc différer de ceux sur Terre, notamment les effets de marée sur les océans, qui ne dépendraient pas d'un corps, mais de 14, si l'on compte la planète Polyphème et ses 13 autres satellites ! Des effets que les équipes de Weta FX ont décidé d'ignorer, afin de faciliter l'effet d'immersion du spectateur.

« Il y avait quelque chose comme 1 600 simulations d'effets majeurs différentes, a déclaré Eric Saindon au New York Times, un autre superviseur des effets chez Weta. Le bon écoulement des vagues sur l'océan, les vagues interagissant avec les personnages, les vagues interagissant avec les environnements, la fine pellicule d'eau qui coule sur la peau, la façon dont les cheveux se comportent lorsqu'ils sont mouillés, l'indice de réfraction de la lumière sous l'eau. Nous voulions que tout soit physiquement précis. »

Difficile de croire qu'une grande partie de l'eau dans Avatar a été ajoutée artificiellement ! © 20th Century Studios
Difficile de croire qu'une grande partie de l'eau dans Avatar a été ajoutée artificiellement ! © 20th Century Studios

Le récif des Metkaniya, inspiré de différents écosystèmes tropicaux

On se doutait : les paysages autour du peuple Metkaniya ressemblent fortement à de réels endroits sur Terre. Dans Nerdistl'une des superviseuses de Weta FX Pavani Rao Boddapato explique que « Bora Bora et plusieurs autres écosystèmes tropicaux sont ce à quoi nous avons fait référence. C'est là que vous obtenez cette vie abondante qui n'est pas non plus très profonde. Parce que chez les Metkayina, surtout dans le récif où ils nagent, ce n'est pas super profond, c'est sept mètres tout au plus ».

L'équipe a ensuite pioché différents éléments venant d'autres endroits sur Terre, comme certains coraux mous, absents de l'environnement de Bora Bora. De la bioluminescence a aussi été ajoutée, inspirée cette fois de dinoflagellés, appartenant au phytoplancton ! Ce sont ces petits organismes unicellulaires qui créent la bioluminescence de la mer. Celle-ci se déclenche lors de la réaction biochimique entre la luciférine, une protéine présente dans les dinoflagellés, et la luciférase, une enzyme. Leur réaction déclenche l'oxydation de la luciférine, la plaçant dans un état excité électroniquement, et c'est lorsqu'elle retourne dans son état le plus stable qu'elle émet un photon dans les longueurs d'onde bleu-vert. 

De la bioluminescence près des Maldives. © Declan Hillman, Adobe Stock
De la bioluminescence près des Maldives. © Declan Hillman, Adobe Stock

Ilu, Tsurak ou Tulkun : ces créatures d'Avatar inspirées du réel

La faune de Pandora s'inspire tout autant du réel. On peut notamment citer les Ilus qui apparaissent pour la première fois dans La Voie de l'eau, qui partagent un ancêtre commun avec les Ikrans, qui rappellent les ptérosaures, ces anciens reptiles volants pouvant atteindre près de 15 mètres d'envergure. Les Ilus possèdent cependant quatre yeux, les distinguant des ptérosaures. Dans la même veine, les Tsuraks comme celui que monte Jake, partagent aussi un ancêtre commun avec les Ikrans, mais ont évolué différemment des Ilus. Avec à la fois des narines et des branchies, ils sont capables de respirer sous l'eau comme sur terre. Du jamais-vu dans le vivant !

Difficile de ne pas évoquer aussi les Tulkuns, ces homologues des baleines ! Mesurant jusqu'à 90 mètres de haut, leur intelligence dépasse celle des Na'vi avec lesquels ils ont développé une relation. Possédant un langage complexe, mais une mobilité réduite, ils communiquent avec le peuple des Metkaniya et établissent des liens profonds avec eux. 

Les <em>Tulkuns</em> rappellent nos baleines bleues. © 20th Century Studios, LightStorm Entertainment
Les Tulkuns rappellent nos baleines bleues. © 20th Century Studios, LightStorm Entertainment

Enfin les Metkaniya, ce peuple chez qui la famille Sully se réfugie, apportent une belle illustration de la théorie de l'évolution. Car les deux peuples partagent un ancêtre commun mais semblent s'être séparés des milliers d'années auparavant, si bien que leurs caractéristiques physiques diffèrent. « Leurs queues sont en fait utilisées pour la propulsion comme dans la façon dont ils nagent, comme les phoques et les loutres. Ce sont des respirateurs d'air, ils se sont donc adaptés pour pouvoir retenir leur souffle pendant de longues périodes. Ils ont des membranes nictitantes, un peu comme les crocodiles et les hiboux, pour protéger leurs yeux lorsqu'ils entrent dans l'eau à grande vitesse pendant qu'ils chevauchent [ilu], ces créatures qu'ils ont apprivoisées et avec lesquelles ils entretiennent cette relation symbiotique », explique le réalisateur et producteur James Cameron dans une interview donnée à National Geographic.

Finalement, ce deuxième opus, tout comme le premier, se veut presque lanceur d'alerte, avec une véritable apologie du vivant, de la biodiversité, et de la nécessité de ralentir sa destruction, que James Cameron a qualifié dans la même interview de « cri du cœur, si on veut dire : se souvenir, fêter et retomber amoureux, et donc se souvenir de protéger ce qu'on perd ».