Le 30 juillet dernier, les rares habitants des rives de la Chilcotin au Canada ont soudainement vu le cours d’eau se tarir. Et pour cause : un important glissement de terrain venait de couper en deux le lit de la rivière en amont.


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    Le 30 juillet 2024, une importante langue de terre s'est détachée du versant bordant la rivière Chilcotin, en Colombie-Britannique (Canada). Emportant arbres et rochers, le glissement de terrain a fini sa course au fond de la vallée, coupant totalement le cours de la rivière tranquille s'écoulant dans le fond. La montagne de débris de 30 mètres d'épaisseur sur 600 mètres de large s'est ainsi rapidement transformée en un barrage naturel.

    Face à cette situation, les autorités ont rapidement lancé une alerte inondation pour la zone située en amont du barrage et des ordres d'évacuation pour la zone en aval. Le risque redouté était en effet que le barrage de roches instables rompe brutalement sous la pressionpression du lac en train de se former, causant une crue torrentielle.

    À gauche, la situation au 16 juillet 2024, avant le glissement de terrain. À droite, la situation au 1<sup>er</sup> août, après le glissement de terrain. On voit clairement que le cours de la rivière est totalement coupé et qu'un lac commence à se former en amont du barrage de débris. © <em>NASA Earth Observatory images</em> par Wanmei Liang, utilisation de données Landsat de la <em>U.S. Geological Survey</em>
    À gauche, la situation au 16 juillet 2024, avant le glissement de terrain. À droite, la situation au 1er août, après le glissement de terrain. On voit clairement que le cours de la rivière est totalement coupé et qu'un lac commence à se former en amont du barrage de débris. © NASA Earth Observatory images par Wanmei Liang, utilisation de données Landsat de la U.S. Geological Survey

    Une région où les glissements de terrain sont fréquents

    Les images satellites capturées par LandsatLandsat 8 montrent en effet bien l'élévation progressive du lac au fil des jours. Finalement, le 5 août, la rivière Chilcotin a réussi à se frayer un petit passage à travers le tas de débris, permettant une vidange en douceur du lac.

    La région est fort heureusement peu peuplée. Elle est surtout le territoire des Tšilhqot'in, un peuple indigèneindigène qui nomme d'ailleurs cette zone Nagwentled, ce qui signifie « glissements de terrain à travers la rivière » ! Preuve, comme l'indiquent également les nombreux indices géomorphologiques, que ce type d'événement est fréquent dans ce canyon.

    Drainage du lac après que la rivière a finalement réussi à se frayer un chemin à travers les débris du glissement de terrain. © <em>Province of British Columbia</em>
    Drainage du lac après que la rivière a finalement réussi à se frayer un chemin à travers les débris du glissement de terrain. © Province of British Columbia

    La montée des eaux en amont a causé desdommages à un pont et à des sites culturels indigènes situés le long de la rivière. La Chilcotin va cependant continuer à être surveillée de près, notamment pour déterminer si l'augmentation de la charge sédimentaire et la modification du lit de la rivière peuvent affecter les écosystèmes, notamment une espèceespèce protégée de saumon qui a l'habitude de remonter ce cours d'eau pour frayer.