Cent-soixante millions d’années de règne incontestable sur l’ensemble du Globe. La formidable domination des dinosaures sur le reste du règne animal est certainement liée à plusieurs facteurs, notamment une capacité d’adaptation hors norme. Mais une nouvelle étude met en avant une caractéristique qui leur aurait donné un avantage certain pour traverser les premières crises de leur histoire : la bipédie.
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Étonnamment, on parle bien plus souvent de la fin des dinosaures que de la longévité de leur règne. Et pourtant, quel règne ! 160 millions d'années de domination sur l'ensemble du Globe, que ce soit dans les océans ou sur les continents, au cours desquels vont coexister des espèces aussi diverses qu'incroyables. Du dinosaure nain au véritable titantitan ; doté de plumes, de carapace, de cornes ou de griffes étranges ; herbivore, carnivore, insectivore ou charognard... cette formidable diversité révèle une incroyable capacité d'adaptation et l'occupation de l'ensemble des niches écologiques laissées disponibles suite à l'extinction de masseextinction de masse qui a marqué la fin du PermienPermien, il y a 251 millions d'années. Pourtant, les dinosaures n'étaient pas les seuls à revendiquer le titre de maîtres du monde.
Dinosaures contre Pseudosuchia : le gagnant n’est pas celui prévu au départ
L’extinction du Permien-Trias ne laisse en effet que peu de survivants et le champ est donc libre pour l'évolution de nouvelles espèces. Ainsi vont apparaitre au début du TriasTrias deux grands groupes d'animaux : les Avemetatarsalia dont font partie les dinosaures, et les Pseudosuchia, un groupe de reptilesreptiles dont descendent les crocodilescrocodiles actuels. Dans un premier temps, les deux groupes vont évoluer de concert, les Pseudosuchia évoluant d'ailleurs plus rapidement pour atteindre, 20 millions d'années plus tard, une diversité bien plus importante que celle des dinosaures. Et pourtant, la situation va brutalement s'inverser.
Saurosuchus galilei, un Pseudosuchia de la fin du Trias. © Nobu Tamura, Wikimedia Commons, CC by 3.0
Il y a 233 millions d'années (Trias moyen), le climatclimat devient plus sec, les contraintes environnementales plus fortes et la nourriture se fait plus rare. Alors que les Pseudosuchia tendaient à devenir dominants, cette situation va mettre brutalement un coup d'arrêt à leur début de règne, au profit des dinosaures, qui continuent leur diversification. Mais quelle caractéristique a donc bien pu favoriser ce groupe plutôt que l'autre ?
Pour les chercheurs, auteurs d'une nouvelle étude publiée dans la revue Royal Society Open Science, tout a été une question de... locomotion.
Une bipédie qui favorise la course et l’adaptabilité dans un environnement contraignant
En effet, alors que les Pseudosuchia se déplacent très majoritairement sur quatre pattes en rampant, à l'image des crocodiles actuels, les premiers dinosaures sont quant à eux bipèdes. Or, cette posture favorise la course et l'agilité.
Eoraptor est l'un des premiers dinosaures. De petite taille, il était bipède et certainement très agile et rapide. Un avantage par rapport aux Pseudosuchia quadrupèdes et incapables de courir. © Ildarotyrannus, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0
Alors que les conditions environnementales se détériorent, les dinosaures auraient donc été plus aptes à chasser ou à échapper à leurs prédateurs que les Pseudosuchia. Grâce à cela, les dinosaures prennent peu à peu le dessus, colonisant progressivement toutes les niches écologiques. De fait, lorsqu'une nouvelle crise biologique survient, à la fin du Trias, cette diversité extrême leur permet de survivre à cette nouvelle épreuve, qui sera par contre fatale à la majorité des Pseudosuchia. Le champ est désormais totalement libre et les dinosaures vont en profiter. Le JurassiqueJurassique va ainsi être l'avènement des géants. Si certaines espèces redeviennent quadrupèdes, d'autres restent sur leurs deux jambes arrière. Cette diversité de posture et de locomotion favorisera le maintien de leur règne pendant encore 133 millions d'années !
