L’analyse de la masse formidable de données acquises lors de l’éruption du Hunga Tonga en 2022 n’en finit pas et continue de livrer les secrets de ce volcan sous-marin qui a produit la plus puissante explosion volcanique des temps modernes. Une nouvelle étude révèle ainsi qu’elle aurait pu être l’élément déclencheur de cette éruption.


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    Nous l'avons déjà presque oubliée et pourtant, le 15 janvier 2022 a eu lieu l’une des plus puissantes éruptions jamais enregistrées : celle du volcan sous-marin Hunga Tonga-Hunga Ha'apai, situé au large de l'archipel des Tonga. Les scientifiques, eux, s'en souviennent bien, et pour cause, l'éruption a été particulièrement bien monitorée, du début à la fin, et l'énorme quantité de données acquises en seulement quelques heures continue d'être traitée à l'heure actuelle.

    Un signal sismique ténu enregistré à 750 km un quart d’heure avant l’éruption

    Ces données, d'origine extrêmement diverses, permettent de mieux comprendre la mécanique éruptiveéruptive des volcans et les conséquences des puissantes éruptions comme celle-ci, qu’elles concernent l’atmosphère ou l'environnement marin. Toutefois, de nombreux points restent encore mystérieux, notamment sur l'origine de cet événement volcanique.

    En janvier 2022, le volcan sous-marin Hunga Tonga entrait en éruption dans l’océan Pacifique, et le son qui s'ensuivit a été entendu à plus de 6 000 kilomètres de là. © Jamie Perera, Midjourney, ESA
    En janvier 2022, le volcan sous-marin Hunga Tonga entrait en éruption dans l’océan Pacifique, et le son qui s'ensuivit a été entendu à plus de 6 000 kilomètres de là. © Jamie Perera, Midjourney, ESA

    Pourtant, un signal sismique enregistré quelques minutes seulement avant l'explosion du volcan pourrait aider à mieux comprendre ce qu'il s'est passé à cet instant crucial.

    Des chercheurs ont en effet identifié l'arrivée discrète d'ondes sismiques sur les enregistrements de deux stations sismologiques situées sur les îles Fidji et Futuna, situées à 750 kilomètres du volcan sous-marin. Il s'agit d'ondes de Rayleigh, un type d'ondes sismiques qui voyagent à la surface de la Terre. Or, elles ont été enregistrées à 3 h 45 UTC (coordinated universal timecoordinated universal time), alors que l'éruption a débuté environ un quart d'heure plus tard, vers 4 h 00 UTC. Pour les chercheurs, qui présentent les résultats de leurs analyses dans la revue Geophysical Research Letters, ce discret signal sismique est associé directement à l'éruption et indique qu'un événement s'est produit très peu de temps avant son déclenchement. Et s'il s'agissait justement de l'élément qui aurait provoqué l'explosion de la caldeiracaldeira ?

    L’ouverture d’une brèche dans la croûte océanique

    Pour les chercheurs, c'est totalement possible. Ce signal précurseur pourrait avoir été produit par l'ouverture d'une fracture dans la croûte océaniquecroûte océanique sous la caldera du volcan déjà en activité, vers 3 h 45. Tandis que le magmamagma remonte dans la fissure, l'eau de mer s'y infiltre. Or, la rencontre entre de l'eau froide et du magma est particulièrement explosive ! C'est cette rencontre qui pourrait donc avoir déclenché l’éruption violente du Hunga Tonga, à 4 h 00.

    L'explosion du Hunga Tonga aurait été déclenchée par l'ouverture, un quart d'heure avant, d'une fissure dans la croûte océanique sous la caldeira, permettant à l'eau et au magma de se rencontrer. © Takuro Horiuchi
    L'explosion du Hunga Tonga aurait été déclenchée par l'ouverture, un quart d'heure avant, d'une fissure dans la croûte océanique sous la caldeira, permettant à l'eau et au magma de se rencontrer. © Takuro Horiuchi

    Des résultats qui aident à comprendre les étapes de cette éruption, mais qui pourraient également avoir des implications dans la détection précoce des éruptions sous-marines.