Tristan Laurent, directeur général d'Absolut Sensing, nous explique pourquoi l’observation des émissions de méthane induites par l’activité humaine via une constellation est une nécessité. On parle d’un gaz dont la capacité à piéger la chaleur est plus de 80 fois supérieure à celle du dioxyde de carbone. Toute réduction d'émission de ce gaz aura donc un impact immédiat sur le réchauffement climatique. C'est tout le pari de la constellation GESat.


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    Alors que la NasaNasa s'apprête à lancer le satellite Swot, un programme réalisé en coopération avec le Cnes qui révolutionnera la connaissance du cycle de l'eau à l'échelle de la Planète, et que l'ESA se prépare à lancer le premier satellite Meteosat de troisième génération qui changera lui aussi à sa manière la météorologie opérationnelle, plusieurs annonces ont été faites lors de la 73e édition du Congrès international d'astronautiqueastronautique qui s'est tenu à Paris en septembre. Nous en avons retenu trois.

    Il y a celle de Planet qui a dévoilé une nouvelle constellationconstellation hyperspectrale qui se focalisera sur de nombreux indicateurs environnementaux nécessaires pour surveiller de près la santé de la Planète. On a également retenu la sélection de Harmony comme 10e mission Earth Explorer de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne. Ce concept de mission inédit utilisera deux satellites identiques en orbiteorbite autour de la Terre en convoi avec un satellite Copernicus Sentinel-1. Harmony a pour but de collecter une énorme quantité de nouvelles informations au sujet de nos océans, de la glace, des tremblements de terretremblements de terre et des volcans, ce qui apportera des contributions significatives à la recherche sur le climat et la surveillance des risques.

    Enfin, la troisième annonce retenue est celle d'Absolut Sensing. Cette entreprise française a signé avec l'Agence spatiale européenne un partenariat pour valider les données satellitaires haute résolutionrésolution pour le contrôle des émissionsémissions de méthane sur une plateforme TotalEnergies afin de préparer le futur instrument de la constellation GESat.

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    Pour comprendre tout l'intérêt de ce partenariat, il faut savoir que pour lutter contre le réchauffement planétaire, « concentrer nos efforts sur la seule diminution du dioxyde de carbone (CO2), à l'origine de l'augmentation de l'effet de serreeffet de serre, n'est pas suffisant », nous explique Tristan Laurent, directeur général d'Absolut Sensing. Le méthane est aussi un gaz à effet de serre dont la duréedurée de vie moyenne dans l'atmosphèreatmosphère est certes de seulement 12 ans, contre plus de 100 ans pour le CO2, mais dont « son effet de réchauffement est 80 fois supérieur à celui du CO2 ». Il y a donc urgence à « réduire de manière drastique les émissions de méthane (CH4) d'origine humaine » qui proviennent majoritairement des exploitations pétrolières et gazières, de l'industrie minière, de l'agriculture et des décharges d'ordures. Cela pourrait avoir un impact rapide et visible sur le changement climatiquechangement climatique. « Pour cela, la taxation des entreprises émettrices est le moyen le plus rapide et efficace. » Encore faut-il être capable de détecter ces fuites, « à des niveaux suffisamment bas, fiables, précis et fréquents », pour permettre aux « régulateurs et aux émetteurs de suivre avec précision ces émissions de méthane ». Un système satellitaire global avec une précision inédite, de type drone, est donc nécessaire.

    Un seuil de détection sans précédent

    En 2019, le satellite Iris a ouvert la voie et montré tout l'intérêt de disposer d'un capteurcapteur dans l'espace capable de détecter des fuites de méthane. Cependant, avec son projet de constellation, Absolut Sensing se « démarque nettement de GHGSat et son satellite IrisIris en offrant une performance deux fois meilleure et un service de surveillance quasi-temps réel », tient à nous préciser Tristan Laurent. Il faut savoir que la grande majorité des émissions de méthane d’origine industrielle « sont de petit débitdébit, typiquement <100 kgkg/CH4/heure ». Or, la technologie de capteur utilisé par GHGSat permet uniquement de détecter des fuites supérieures à 100 kg/CH4/heure. « Notre technologie de capteur cryogénique devrait nous permettre de détecter toute émission supérieure à 50 kg/CH4/heure », souligne-t-il.

    Le saviez-vous ?

    TotalEnergies a déjà réduit de moitié ses émissions de méthane sur les sites qu'elle exploite entre 2010 et 2020 et vise une réduction de 80 % entre 2020 et 2030, ce qui fait partie de son ambition d'être net zéro en 2050 avec la société.

    Pour rendre pertinent et fiable un système de taxation des émissions (pour les régulateurs) et d'alerte quasi-temps réel des fuites de méthane (pour les industriels), il est nécessaire de « pouvoir observer plus de 30 millions de km2 de sites industriels au minimum une fois par jour ». GHGSat, qui ne prévoit de lancer que 12 satellites, ne pourra fournir des mesures qu'une fois par semaine au mieux. Avec ses 24 satellites, la constellation GESat « permettra un taux de revisite journalier sur les sites les plus critiques, et bi-hebdomadaire sur le reste des sites d'intérêt ». Le lancement du premier satellite GESat est prévu fin 2023/début 2024 avec un objectif d'une constellation en orbite basse SSO complète et pleinement opérationnelle en 2025.

    Et c'est justement la technologie du système de mesure du méthane à bord des satellites GESat que « nous souhaitons tester avec l'ESA et TotalEnergies ». Concrètement, cet instrument sera testé sur « la plateforme TotalEnergies de Lacq, l'année prochaine, pour valider les performances du produit et calibrer l'instrument avant son intégration à bord des satellites », conclut Tristan Laurent.