Grâce à des analyses sur les roches du cratère du Chicxulub, des chercheurs ont pu déterminer l’échauffement qu’ont subi les minéraux lors de l’impact d’astéroïde qui aurait participé à la disparition des dinosaures. Les résultats pourraient avoir des implications sur le rôle joué par cet impact sur le climat.
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Une chose est sûre, les dinosaures ont eu chaud, très chaud il y a 66 millions d'années lorsqu’un astéroïde de 12 kilomètres de diamètre a heurté la Terre. Nombreux sont les témoins dans les séries géologiques à illustrer la violence de cet impact. Fragments de roches fondues sur des milliers de kilomètres autour du cratère, embrasement instantané des forêts et de vagues de tsunami... L'astéroïdeastéroïde responsable du cratère du ChicxulubChicxulub est considéré comme l’une des causes ayant participé à l’effondrement du règne des dinosaures et à leur disparition. Cet impact majeur est en effet supposé avoir entraîné une modification profonde du climat, par les quantités énormes de poussières et de gaz projetés dans l’atmosphère.
Une nouvelle étude révèle que nos précédentes estimations des quantités de CO2 produites par l'impact auraient cependant été largement surestimées, remettant en question les implications climatiques de cet événement majeur dans l'histoire de la Terre.
Pourrions-nous survivre à un astéroïde de cette taille aujourd'hui ? Pouvons-nous le détruire avant qu'il ne tombe sur Terre ? La réponse avec Astropierre dans Futura dans les Étoiles. © Futura
Des paléothermomètres pour mesurer la température des roches lors de l’impact
Pour arriver à cette conclusion, une équipe de chercheurs s'est intéressée à l'échauffement subi par les roches lors de l'impact et la formation du cratère. Pour ce faire, les scientifiques ont analysé certaines roches échantillonnées au niveau du cratère du Chicxulub au Mexique, en utilisant ce que l'on appelle un « paléothermomètre ». La mesure de l'abondance de certains isotopesisotopes, notamment le carbonecarbone 13 et l'oxygène 18 contenu dans les carbonates (CaCO3), permet en effet de reconstruire les températures enregistrées par ces minérauxminéraux. Bien sûr, les températures initialement générées par l'impact ont certainement été de plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de degrés, vaporisant instantanément les roches présentes en surface. De cela, il ne reste donc aujourd'hui aucune trace. Mais les roches qui étaient situées plus profondément sont cependant toujours existantes. Ce sont celles-là qui ont été analysées. Les données, publiées dans la revue PNAS Nexus, montrent ainsi qu'elles ont enregistré une température d'environ 327 °C au moment de l'impact.
Une production de CO2 plus faible qu’on ne le pensait
Cet échauffement aurait entraîné un processus de décarbonation du CaCO3 pour former des oxydes de calciumcalcium (CaO), qui se sont cependant très rapidement recombinés avec le dioxyde de carbone (CO2) libéré lors de la vaporisationvaporisation des roches, menant à la formation de nouveaux cristaux de carbonate de calcium (CaCO3). Cette réaction implique qu'une partie du CO2 libéré aurait rapidement été piégée pour la formation de nouveaux minéraux, et donc que moins de CO2 qu'on ne le pensait serait en réalité entré dans l'atmosphèreatmosphère. De fait, le réchauffement global et l’acidification des océans en lien avec cette émissionémission de CO2 auraient pu être plus limités qu'on ne le pensait précédemment.