La mer Baltique serait-elle en train de se transformer en importante source de méthane ? Des scientifiques viennent en effet de découvrir un immense champ de bulles de ce gaz à fort effet de serre. Une production naturelle mais anormale, qui indique une déstabilisation des niveaux profonds.


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    Le méthane est un puissant gaz à effet de serre, dont l'augmentation actuelle dans l'atmosphère inquiète les scientifiques. En cause, bien sûr, les activités humaines et notamment l'agriculture et l’élevage intensif de bétail. Mais il existe aussi des sources naturelles de méthane. Car dans l'environnement, ce gaz est naturellement produit lors de la décomposition de la matière organique par certaines bactéries. Ce processus se fait dans les milieux anaérobies, c'est-à-dire en l'absence d'oxygène, au fond des mers, des océans et des lacs. Dans les environnements peu profonds, il est ainsi possible d'observer la remontée de bulles de méthane vers la surface. Dans les environnements profonds cependant, le méthane est directement dissous dans l'eau. Il ne remonte pas en surface sous forme de bulles et reste donc piégé dans les eaux profondes.

    Des bulles de méthane emprisonnées dans la glace au lac Abraham, au Canada. © Matthew, Adobe Stock
    Des bulles de méthane emprisonnées dans la glace au lac Abraham, au Canada. © Matthew, Adobe Stock

    La mer Baltique en mode « bain bouillonnant »

    Enfin, c'est ce que l'on pensait jusqu'à présent. Car lors d'une campagne en mer Baltique, une équipe de scientifiques a découvert un immense champ de bulles remontant vers la surface, et prenant sa source dans l'une des zones les plus profondes de cette mer, la fosse de Landsort. Située au large de la région de Stockholm, cette fosse atteint 456 mètres de profondeur. Et c'est bien là que les chercheurs ont noté la présence d'une vaste remontée de bulles de méthane, sur une surface de 20 km2 ! Normalement, dans de telles conditions, les bulles ne devraient s'élever que d'une cinquantaine de mètres du fond océanique avant de se dissoudre. Les scientifiques ont donc été très surpris d'observer des bulles jusqu'à 380 mètres au-dessus du fond.

    Un amincissement du filtre bactérien

    Habituellement, 90 % du méthane produit par la décomposition de la matièrematière organique est consommé par des bactériesbactéries vivant au sein des sédiments et agissant ainsi comme une sorte de filtre. Pour les scientifiques, cette observation au niveau de la fosse de Landsort pourrait indiquer une réduction de l'épaisseur de ce filtre, qui normalement peut atteindre un mètre. Dans la Baltique, il ne ferait cependant que quelques centimètres d'épaisseur. Insuffisant pour traiter l'important volumevolume de méthane produit, notamment par la présence d'importantes quantités d'algues mortes dont la production est boostée par les engrais qui se retrouvent dans la mer.

    Les algues vertes prolifèrent à cause de l'utilisation excessive d'engrais, notamment. © Cristina Barroca, flickr, CC by-nc-nd 2.0 02
    Les algues vertes prolifèrent à cause de l'utilisation excessive d'engrais, notamment. © Cristina Barroca, flickr, CC by-nc-nd 2.0 02

    Ce type d'échappement de méthane pourrait représenter une source importante de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Il est donc urgent de mieux comprendre les mécanismes qui sont à l'œuvre.