On sait que les grands épisodes volcaniques peuvent influencer le climat. Mais l’inverse est aussi vrai. En déstabilisant la calotte polaire de l’Antarctique, le réchauffement climatique actuel pourrait en effet entraîner une augmentation des éruptions sous-glaciaires sur ce continent gelé, mettant en route une redoutable réaction en chaîne.


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    Sous son épaisse couche de glace, l'Antarctique abrite un feufeu qui couve. Le grand continent blanc possède en effet de nombreux volcans, dont certains sont connus et actifs, comme le mont Erebus. La plupart, cependant, sont bien cachés, enfouis à plusieurs kilomètres sous l'épaisse calotte polairecalotte polaire. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, ils sont bien actifs, notamment au niveau du rift qui s'étend dans la partie ouest de l'Antarctique. La pressionpression exercée par l'épaisse couche de glace sur la croûtecroûte limite cependant leur activité.

    On sait toutefois que la calotte polaire est actuellement fortement déstabilisée par le réchauffement climatique et que la fonte des glaciers de l’Antarctique s'accélère de plus en plus. Une évolution qui pourrait avoir une conséquence notable sur ces volcans sous-glaciaires, comme le révèle une nouvelle étude publiée dans la revue Geochemistry, Geophysics, Geosystems.

    Le mont Erebus est l'un des nombreux volcans actifs de l'Antarctique. © Josh Landis, <em>U.S. Antarctic Program</em>, domaine public
    Le mont Erebus est l'un des nombreux volcans actifs de l'Antarctique. © Josh Landis, U.S. Antarctic Program, domaine public

    Moins de glace, plus d’éruptions. Plus d’éruptions, moins de glace !

    Grâce à des simulations numériquessimulations numériques, une équipe de chercheurs a en effet montré que l'amincissement continu de la calotte polaire pourrait augmenter le nombre et la taille des éruptions sous-glaciaires, initiant une réaction en chaîneréaction en chaîne infernale.

    En réduisant la pression exercée actuellement sur les réservoirs magmatiques, la fontefonte de la calotte pourrait entraîner une décompression du magma et la formation de bulles de gazgaz. La pression à l'intérieur même de la chambre se mettrait donc à grimper, provoquant une remontée du magma dans les conduits volcaniques et le début d'une éruption. Or, cette augmentation de la fréquence des éruptions sous-glaciaireséruptions sous-glaciaires pourrait accélérer la fonte de la calotte, participant ainsi à sa déstabilisation et au déclenchement de nouvelles éruptions, etc.

    S'il ne faut pas s'attendre à un scénario catastrophe, ce processus se jouant sur des centaines d'années, ces résultats montrent cependant à quel point l'activité humaine est capable d'impacter les grands mécanismes terrestres. De plus, les modèles montrent que cette réaction en chaîne est capable de se maintenir même si nous arrivons à endiguer nos émissions et à ralentir le réchauffement climatique.