Alors que la plupart des mégalithes composant l’impressionnant site préhistorique de Stonehenge proviennent de carrières situées dans le sud de l’Angleterre, la pierre centrale, nommée Altar Stone, faisait office d’extra-terrestre. Tout laissait penser qu’elle avait été prélevée bien plus loin. Mais où exactement ? Des géologues ont la réponse. Et elle révèle les étonnantes capacités des sociétés du Néolithique.


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    Site préhistorique emblématique de l'Angleterre, Stonehenge intrigue et attire par ses mystères. À quoi pouvait bien servir cet impressionnant agencement de blocs mégalithiques ? Si cette question restera certainement à jamais sans réponse, il y en a une qui vient toutefois d'être résolue. L'origine de la pierre centrale du site, dénommée Altar Stone, vient en effet d'être déterminée. Elle nous en apprend beaucoup sur la société néolithique qui a érigé ce monument.

    Une dalle de pierre à l’origine énigmatique

    L'un des mégalithes remarquables de Stonehenge est en effet cet autel de pierre, situé au centre de la structure. Pesant six tonnes, elle est composée de grèsgrès vert micacé à la minéralogie bien spécifique. Une roche qu'on ne retrouve pas dans les environs directs du site, à la différence des autres blocs érigés. La plupart des mégalithes qui composent les deux cercles concentriques de Stonehenge sont en effet composés d'un grès provenant de West Woods, à 25 kilomètres au nord du site. D'autres, dont la nature est plus « exotiqueexotique » comme du tuf volcaniquetuf volcanique, de la rhyolite ou de la dolérite, proviennent de carrières plus éloignées, notamment situées dans le Pays de GallesGalles occidental. Mais la source de la pierre d'Altar restait jusqu'à présent totalement énigmatique.

    Altar Stone est un bloc de six tonnes qui gît au milieu du site de Stonehenge. © Pam Brophy, <em>Past the Stones : Stonehenge</em>, Wikimedia Common, cc by-sa 2.0
    Altar Stone est un bloc de six tonnes qui gît au milieu du site de Stonehenge. © Pam Brophy, Past the Stones : Stonehenge, Wikimedia Common, cc by-sa 2.0

    La géochimie comme chien pisteur

    Le grès est une roche sédimentaire détritique, qui se compose de grains de différents minérauxminéraux, principalement du quartz, issus de l'érosion mécanique des roches du socle cristallin. L'étude des grains peut ainsi permettre de retrouver son origine en comparant avec les données existantes sur le socle cristallin et d'autres successions sédimentaires.

    Une équipe de chercheurs a donc analysé la composition chimique de la pierre d'Altar. Les résultats, publiés dans la revue Nature, indiquent qu'elle aurait ainsi la signature du socle laurentien. La Laurentia était un paléocontinent qui est entré en collision avec Baltica et Avalonia lors de la formation du continent Laurussia, il y a environ 420 millions d'années. Aujourd'hui, des fragments de socle laurentien sont conservés dans plusieurs endroits du Globe, notamment en Écosse.

    L'origine de la pierre d'Altar semble bien différente de celle des autres mégalithes constituant Stonehenge. © Terry, Adobe Stock
    L'origine de la pierre d'Altar semble bien différente de celle des autres mégalithes constituant Stonehenge. © Terry, Adobe Stock

    Un voyage de 750 km pour une pierre de six tonnes !

    In fine, les chercheurs ont déduit de leur analyse que la pierre centrale de Stonehenge provenait d'une région située au nord-est de l'Écosse, soit à 750 kilomètres du site préhistorique ! Étant donné la taille imposante (près de 5 mètres de long) et le poids de cette pierre, il est probable qu'elle ait été transportée par bateau le long des côtes. Un résultat qui révèle les incroyables capacités de planification et d'organisation de la société néolithique. Rappelons que ce mégalithe aurait été placé sur le site de Stonehenge il y a 4 500 ans environ.