Zita Sebesvari, directeur adjoint de l’Institute for Environment and Human Security de l’université des Nations unies, nous met en garde. « Nous approchons de bord de la falaise et une fois que nous serons tombés, il nous sera difficile de revenir en arrière. » Son équipe signe un rapport qui appelle à prendre des actions décisives pour nous éviter le pire.
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Dans le monde, 21 des 37 principaux aquifères -- c'est le nom que les scientifiques donnent aux réservoirs d'eau souterrains -- s'épuisent désormais plus rapidement qu'ils ne peuvent être reconstitués par la nature. En cause, le changement climatiquechangement climatique, bien sûr. Mais aussi, plus généralement, les activités humaines. Car les ressources sont aujourd'hui puisées sans compter. Pourtant, lorsque les nappes phréatiques tomberont sous le niveau des puits, les plus de 2 milliards de personnes qui s'y fournissent en eau potable et les agriculteurs qui comptent dessus pour atténuer les pertes dues aux sécheresses seront mis en danger. C'est déjà le cas en Arabie saoudite. Le pays jouissait pourtant dans les années 1970, de l'un des plus importants aquifère de la planète.
L'épuisement des eaux souterraines, c'est l'un des six points de basculement du risque -- une extension du concept de point de basculement climatique -- dont, d'après les chercheurs de l'Institute for Environment and Human Security de l'université des Nations unies (UNU-EHS), nous nous rapprochons dangereusement. Avec, à la clé, des conséquences potentiellement catastrophiques pour l'humanité. Les chercheurs soulignent dans leur rapport 2023 que ces points de basculement des risques, non seulement touchent différents domaines que sont le climat, les écosystèmes, la société et les technologies, mais sont également intrinsèquement interconnectés et en lien étroit avec les activités humaines.
Six points de basculement des risques que nous n’aimerions pas dépasser
Extinctions accélérées, fontefonte des glaciersglaciers de montagne, débris spatiaux, chaleur insupportable ou encore avenir non assurable. Ce sont les points de basculement du risque qui, avec l'épuisement des eaux souterraines, partagent, selon les chercheurs, des causes profondes, ancrées dans nos comportements et dans nos modes de vie. Des systèmes sur lesquels nous exerçons une pressionpression croissante. Jusqu'à les pousser au bord de l'effondrementeffondrement. Au-delà, nous avertissent aujourd'hui les experts de l'UNU-EHS, de nouveaux risques vont apparaître. Des risques dont beaucoup restent inconnus.
D'où l'importance d'éviter d'en arriver à ces points de basculement. Les chercheurs nous proposent quelques pistes pour y arriver. Une série d'actions retardatrices qui visent à ralentir la progression vers les points de basculement ou à atténuer les pires impacts. Ce sera indispensable. Concernant le point de basculement « chaleurchaleur insupportable », l'installation de climatiseurs, par exemple. Mais des actions de transformation qui impliquent une réinvention fondamentale du système en quelque chose de plus fort et de plus durable qu'auparavant seront aussi nécessaires. Toujours pour ce point de basculement du risque, un changement sociétal vers des modes de vie qui limitent les émissions de gaz à effet de serre. Rappelons que depuis 20 ans, les vaguesvagues de chaleur ont provoqué une surmortalité de 500 000 personnes par an dans le monde. Parce que ce point de basculement a déjà été dépassé dans le golfe Persique ou dans le bassin de l'Indus, par exemple.
Des actions pour nous éloigner de ces points de basculement
Les chercheurs soulignent que, longtemps, l'accent a été mis sur le premier type de solutions, les solutions retardatrices. Mais que plus récemment, les intentions se sont enfin tournées vers la mise en œuvre d'actions transformatrices. C'est heureux, car ce sont les seules qui nous permettront d'assurer à nos enfants un avenir durable. Ce sont aussi des solutions qui demanderont le plus d'efforts. Aussi bien à chacun d'entre nous en tant qu'individu qu'à la société tout entière.
À quelques semaines à peine de la COP28, les travaux des chercheurs de l'Institute for Environment and Human Security de l'université des Nations unies nous rappellent ainsi que « nous faisons tous partie de la solution » !