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Durant l'étape pour arriver à Saranpaul, la chance a enfin souri après 2 mois et plus de 4000 km, puisque d'une part le vent est tombé et que la progression sur l'Ob a été vraiment rapide et facile.
Vue d'hélicoptère de la région © Thibaut Branquart - Reproduction et utilisation interdites
J'ai vu beaucoup de pêcheurs qui ont profité du redoux pour descendre sur le fleuve, qui en motoneigemotoneige, qui en ski, qui en charrette tirée par des poneys... pour relever nasses et filets... qu'ils posent un peu partout le long du fleuve.
C'est une pêche intensive qui est inquiétante car les pêcheurs se plaignent de ne remonter que des petits poissons, mais ils ne réduisent pas pour autant les quantités !! On sent bien que c'est un fleuve à bout de souffle... L'Ob est à l'image des mers de notre planète...
Grâce au redoux et à une très bonne piste, j'ai pu avancer vite sur le fleuve avec une moyenne de 150 km par 24 heures et puis ensuite nouveau coup de chance avec l'arrivée sur une magnifique route de neige. Pas une route de glace qui fatigue les chiens mais bien une route de neige, bien tassée et assez plane.
© Dominique Grandjean - Reproduction et utilisation interdites
Au bout d'une dizaine de jours, je peux dire que l'intégration de Taguish s'est bien passée. Cela a été un peu difficile au départ car, même s'il faisait partie des 15 chiens entraînés au Camp des Ecorces au Canada, il ne faisait pas partie de la « sélection officielle ». Il était resté sur le banc de touche ! Il était un peu en dehors du groupe, l'étranger, le nouveau que l'on regarde un peu de travers... J'étais un peu inquiet car, à part un ou deux chiens, en l'occurrence Gao et Harfang, tous grognaient et montraient une réticence à l'accueillir.
Mais dès qu'il a été attelé, il a donné beaucoup d'énergieénergie et je l'ai mis en tête avec Gao car il semblait bien s'entendre avec lui et cela s'est confirmé.
Taguish a donc passé toute une journée en tête avec Gao et le lendemain une demi journée avec Taran. Le fait de mener l'attelage et l'énergie qu'il dégage lui ont donné une assurance et permis de s'intégrer. Je suis donc très confiant sur les capacités de Taguish, d'autant plus qu'il a très bien tenu le choc des étapes de 150 km ! Pour un début, c'est un rythme bien soutenu...
La route empruntée traverse une zone de forêts magnifiques pleine de tétras lyre. C'est, pour moi, l'oiseau le plus élégant que l'on puisse trouver sur la planète. Ils se levaient de temps à autre à notre passage ce qui poussait les chiens à galoper.
Un tetra_lyre à la parade © Thibaut Branquart - Reproduction et utilisation interdites
Et on a pu faire de belles étapes de nuit, chose que je n'avais pas pu faire autant que je l'aurais voulu car souvent les itinéraires et pistes étaient trop techniques et dangereuses pour pouvoir les parcourir de nuit.
En plus de ça, décidément, la chance était vraiment là, c'était une période de pleine lunepleine lune et donc nous avons eu de belles étapes de nuit où les chiens ont pu avancer a raison de 140 km/ 150 km par « jour ». J'ai atteint Saranpaul en un temps record, ce qui fait jaser les gens ici. Toute la presse parle de la distance que les chiens ont parcourue en quelques jours. Je rattrape consciencieusement mon retard !! Heureusement car je m'aperçois que je ne suis qu'au deuxième tiers en terme de km du parcours et qu'il reste 20 % du temps.
Grâce au « will to go » des chiens qui est au beau fixe et les petits problèmes de pattes réparées, j'espère pouvoir aller vite après l'Oural. J'ai une meute de 10 chiens au top de sa forme.
Avant d'attaquer l'Oural, des éleveurs de rennesrennes -dont certains que je connais-viennent à ma rencontre et nous allons avancer ensemble, eux en traîneau à rennes et moi en traîneau à chiens... la course risque d'être intéressante !
Depuis, Nicolas a parcouru 100 km en un jour dans les montagnes de l'Oural. Nous attendons des nouvelles d'ici quelques jours.