Normalement, la bonne fossilisation d’un squelette de dinosaure et notamment la préservation de fragments de peau sont permises par l’enfouissement rapide du corps après la mort. Mais la découverte d’un fossile portant des traces de morsure post-mortem dans une peau parfaitement momifiée repose la question du processus de momification et de la nécessité d’un enfouissement rapide.
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Remontons le temps jusqu'à environ 67 millions d'années. Un dinosaure à bec de canard est en train de mourir sur les berges d'un lac. Rapidement, prédateurs et charognards se précipitent sur la carcasse, arrachant des lambeaux de chair avec leurs dents, imprimant des marques de morsure dans les os de l'animal. Le festin dure certainement plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Voilà le scénario qu'ont pu reconstruire des chercheurs de l'université du Tennessee à partir de l'observation des restes fossilisés d'un Edmontosaure retrouvé en 1999 dans le nord du Dakota aux États-Unis. Un fossile d'autant plus surprenant qu'il possède encore des fragments de peau « momifiée ».
Un scénario différent de celui de l’enfouissement rapide
Or, quelque chose cloche dans cette histoire, du moins si l'on se réfère au processus de fossilisation généralement admis. En effet, on considère habituellement que pour pouvoir préserver la structure de la peau, il est nécessaire que le corps de l'animal soit enseveli très rapidement après sa mort. Cela peut se produire notamment lorsque le corps est très vite recouvert par une coulée de boue, un glissement de terrain ou par des sédiments transportés par une soudaine inondationinondation. Voilà les conditions considérées comme les plus propices à la momification de la peau. Dans le même temps, le corps enseveli devient inaccessible aux prédateurs et charognards, ce qui le préserve d'autres dégradations.
L'étude du squelette de l'Edmontosaure, dinosaure à bec de canard, montre bien la présence de larges bandeslarges bandes de peau recouvrant les os de son membre antérieur droit, de ses membres postérieurs et de sa queue. La tête est manquante ainsi que l'extrémité de la queue, mais à part cela le squelette est entier. Mais, en 2018, lors d'un travail plus approfondi sur le fossile, les chercheurs ont identifié de nombreuses marques de morsure. Des empreintes de dents de crocodilienscrocodiliens ont ainsi été retrouvées dans divers os du dinosaure. Au niveau de la queue, la peau momifiée semble également porter des traces de perforation, certainement causées par des dents ou des griffes d'un autre carnivorecarnivore. Il en est de même au niveau des antérieurs où la peau semble avoir été « pelée ». L'ensemble de ces marques suggère que la carcasse est restée un certain temps à l'airair libre, à la merci des prédateurs et des charognards. Mais comment, dans ce cas, expliquer que la peau ait été si bien conservée et n'ait pas subi de décomposition ?
Pour les scientifiques, il ne fait pas de doute que le processus de momification peut également se faire d'une autre façon, qui ne nécessite pas un enfouissement rapide.
Un nettoyage interne et une dessiccation du corps
Dans l'article publié dans la revue PLOS One, les chercheurs expliquent ainsi que les charognards, insectesinsectes et microbesmicrobes, en grignotant et nettoyant le corps, auraient pu le préparer à être fossilisé, notamment en protégeant la peau de toute décomposition.
Les scientifiques font en effet appel à un processus bien connu des médecins légistes. Durant tout le temps que la carcasse aurait passé à l'air libre, insectes et microbes se seraient ainsi chargés de nettoyer le corps de ses organes internes, en faisant des trous à travers la peau. Ces petits trous auraient permis aux gazgaz et aux fluides produits par la décomposition du corps de s'échapper, favorisant un « assèchement », voire une dessiccationdessiccation de la peau. Au bout de quelques semaines, le corps se serait donc retrouvé avec, littéralement, la peau sur les os. Le processus de momification est entamé. C'est à ce moment-là que le corps, ne contenant plus de matièrematière « périssable », se serait retrouvé enfoui sous des sédiments et que le processus de fossilisationfossilisation en tant que tel aurait été entamé. C'est donc le « nettoyage » préalable à l'enfouissement qui aurait permis la momification de la peau et l'exceptionnelle préservation du corps.
Reste maintenant à définir quelles réactions chimiquesréactions chimiques exactement sont à l'origine de la momification de la peau dans de telles conditions. Ces résultats auraient également d'importantes conséquences, puisqu'il en résulterait que les fossiles portant encore des fragments de peau seraient bien plus fréquents que ce que l'on supposait jusqu'à présent. L'Edmontosaure du Dakota n'est en effet pas le seul spécimen à avoir été retrouvé avec de la peau momifiée. De telles découvertes sont d’ailleurs de plus en plus fréquentes.
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Le Mamenchisaurus vivait entre 145 et 150 millions d'années pendant l'âge tithonien du JurassiqueJurassique. C'était un dinosauredinosaure quadrupède herbivoreherbivore, au cou très long.
© Kabacchi, Flickr, CC by-sa 2.0