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Le sommet du Naimona'nyi. Crédit : Thomas Nash 2007
En 2006, quatre carottes de glace ont été prélevées sur le sommet du Naimona'nyi, un grand glacier à 6.050 mètres d'altitude sur le plateau tibétain. Les chercheurs étaient à la recherche d'éléments radioactifs comme le strontiumstrontium 90, le cesium136, le tritiumtritium et même le chlorechlore 36.
Ces éléments sont présents dans les retombées radioactives des essais atomiques atmosphériques ayant eu lieu depuis les années 1950. On les retrouve dans le monde entier au sein des carottes glaciaires extraites de deux régions polaires et des glaciers tropicaux. Ils permettent de détecter des variations de la quantité de glace et de neige ayant pu fondre ces dernières années.
Ainsi, dans les carottes de glace forées en 2000 au Kilimandjaro (5.890 mètres d'altitude), les retombées radioactives des tests nucléaires ont été trouvées à seulement 1,8 mètre de la surface. En 2006, les glaciologues ont constaté que ce glacier tropical avait perdu une couche de glace épaisse de plus de 2,5 mètres. On ne retrouve donc plus la couche contenant des éléments radioactifs, une situation identique à celle constatée aujourd'hui avec le Naimona'nyi dans l'Himalaya.
Un sixième de la population mondiale est concerné
Un des chercheurs, le professeur Lonnie Thompson de l'Ohio State University et membre du Byrd Polar Research Center, n'hésite pas à dire que d'ici 2015 à 2020 le glacier du Kilimandjaro pourrait bien avoir complètement fondu. Si l'on transpose cette analyse au cas de l'Himalaya, la situation devient très préoccupante.
Il y a en effet quelque 12.000 kilomètres cubes d'eau douceeau douce stockée dans les 15.000 glaciers de l'Himalaya, davantage que dans le lac Supérieur à la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Cette taille ne doit pas étonner puisque ces glaciers constituent le réservoir d'eau douce à l'origine de grands fleuves, à commencer par le Gange, l'Indus et le Brahmapoutre, qui fournissent en eau presque un sixième de la population mondiale. Or, les glaciers du plateau tibétain pourraient bien avoir diminué de 80 % d'ici à l'an 2030. Au moins 500 millions de personne verraient donc leurs conditions de vie gravement menacées.