Suite aux fortes intempéries qui continuent de s’abattre sur les Alpes, le hameau de la Bérarde a été totalement dévasté par la crue d’un torrent. Un phénomène qui risque de devenir de plus en plus fréquent en raison du réchauffement climatique.


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    Des rues inondées, jonchées de boue et de blocs rocheux, des maisons détruites et des habitants évacués dans l'urgence par hélicoptèrehélicoptère. Voilà les scènes auxquelles nous avons assisté ce weekend au hameau de la Bérarde, dans les Alpes (Isère), sur les réseaux sociauxréseaux sociaux et à la télévision.

    Ce petit village d'Isère, niché dans une vallée à plus de 1 700 mètres d'altitude, est bien connu des randonneurs et alpinistes partant à la découverte des magnifiques paysages des Écrins. Aujourd'hui, il n'en reste malheureusement plus grand-chose.

    Un hameau détruit par un torrent en furie

    Alors que le niveau du Vénéon, torrenttorrent qui traverse le village, ne fait que monter depuis plusieurs jours en conséquence des fortes pluies qui s'abattent sur la région, la situation a dramatiquement évolué le 21 juin. Cet affluent qui descend de la montagne pour se jeter dans la Romanche a en effet fini par quitter son lit, inondant soudainement le hameau. Le torrent en furie a également emporté un pont, coupant tout accès à la Bérarde et à Saint-Christophe-en-Oisans.

    La puissance des flots a charrié de nombreux débris, qui ont envahi les rues, ensevelissant certaines maisons. Les dégâts sont considérables et l'on peut se féliciter de la rapiditérapidité des secours, qui ont pu mettre à l'abri la centaine d'habitants présents sur les lieux.

    Le réchauffement climatique en cause

    Une catastrophe qui est bien sûr liée à la situation météorologique que nous vivons actuellement, mais également au réchauffement climatique global. L’environnement montagneux est en effet particulièrement sensible à tout dérèglement climatique. En atteste la fonte accélérée des glaciers en haute altitude. Or, le recul du front glaciaire libère de vastes zones non végétalisées et très instables. Libérés de leur gangue de glace, ces terrains composés de débris rocheux peuvent être facilement mobilisés lors des événements orageux et des fortes pluies. Débris qui vont alors être charriés par les rivières gonflées qui dévalent les pentes. Dans les cas les plus extrêmes, on assiste à ce que l'on appelle des « laves torrentielles ».

    Des phénomènes de plus en plus fréquents

    Il ne s'agit bien sûr pas de lave en fusionfusion issu d'un volcan, bien que l'effet destructif soit certainement le même. Les laves torrentielles représentent des écoulements rapides très destructeurs, composés d’eau, de sédiments et de blocs rocheux de toutes tailles. Les blocs charriés peuvent atteindre plusieurs tonnes, comme on le voit par exemple sur cette vidéo capturée dans les Alpes suisse ce weekend. Cet écoulement soudain et brutal emporte alors tout sur son passage, rives, ponts, arbres, bâtiments... laissant derrière lui un large sillon chaotique.

    Bien que ce phénomène soit connu et fréquent dans les environnements montagneux, les conditions climatiques actuelles risquent d'entrainer une augmentation du nombre et de l'intensité de ces phénomènes. Or, comme le montre les tristes exemples de ces derniers jours, ces catastrophes n'impactent pas uniquement les zones peu habitées de la haute montagne. Ils se propagent jusque dans les vallées, causant d'importants dégâts.

    De nombreux systèmes sont testés, comme ici es filets, pour tenter de protéger les populations des ravages causés par les laves torrentielles. La puissance et la soudaineté du phénomène rend cependant compliqué la mise en place d'un dispositif fiable © Mirosław Mrozik, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by-sa 4.0
    De nombreux systèmes sont testés, comme ici es filets, pour tenter de protéger les populations des ravages causés par les laves torrentielles. La puissance et la soudaineté du phénomène rend cependant compliqué la mise en place d'un dispositif fiable © Mirosław Mrozik, Wikimedia Commons, cc by-sa 4.0

    Le problème avec ces phénomènes, c'est qu'ils sont difficilement prévisibles. Reste la prévention, comme le fait de ne pas rester dans le lit d'un cours d'eau, même petit, en cas d'orageorage ou de fortes pluies. Certains équipements ont été testés pour tenter de stopper les laves torrentielles mais aucun n'a pour l'instant montré de résultats significatifs. Ces écoulements peuvent en effet charrier des dizaines de milliers de mètres cubes de débris rocheux, à une vitesse qui peut atteindre 50 km/h.