On sait à quel point les montagnes sont impactées par le réchauffement climatique. Fonte des glaciers, déstabilisation des pentes, menaces sur les écosystèmes…, l’Everest est particulièrement impacté. Mais ici, la fonte des neiges révèle également les travers de l’alpinisme « de masse ».
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Voilà une décision qui peut faire sourire, mais qui pourtant devenait nécessaire à prendre. Les alpinistes s'attaquant au mont Everest devront désormais rapporter dans un sac leurs excréments jusqu'au camp de base.
Une montagne qui se réchauffe… et bonjour l’odeur !
Si jusqu'à présent les selles laissées par les alpinistes finissaient congelées et recouvertes de neige, avec le réchauffement climatique et la fontefonte des glaces, la situation devient... critique. Car depuis la première ascension en 1953, les excréments humains ont eu le temps de s'accumuler. Surtout ces dernières années avec l'augmentation du nombre de grimpeurs venant se mesurer au plus haut sommet du monde. Et avec le soleilsoleil qui réchauffe tout ça...
« Nos montagnes ont commencé à puer », se plaignait Mingma Sherpa lors d’une interview à la BBC en février dernier. Mais, en plus de dégrader l'image du célèbre sommet himalayen, cette situation pose également des problèmes sanitaires. Car à ces altitudes, pas d'eau courante. Alors pour boire ou pour faire à manger, il faut faire chauffer de la neige récupérée autour des camps. Une neige désormais souvent contaminée. Plusieurs grimpeurs seraient ainsi déjà tombés malades. Mais s'il n'y avait que ça...
Des cadavres qui décongèlent dans la montagne
Car il existe un autre problème, bien plus difficile à gérer. Celui des corps des alpinistes morts au cours des diverses expéditions. Deux cents cadavres seraient ainsi disséminésdisséminés dans la montagne. Là aussi, avec le réchauffement, cela pose un problème sanitaire. Si des expéditions organisées par l'armée ont désormais lieu pour récupérer certains cadavres, les alpinistes seront désormais, en plus de leurs excréments, obligés de redescendre les corps de leurs coéquipiers décédés. On compte en effet toujours une dizaine de morts par an environ. Jusqu'à présent, ils étaient tout bonnement abandonnés dans la montagne. Car descendre un corps, c'est, on l'imagine, techniquement et psychologiquement compliqué. Quoi qu'il en soit, cela va désormais être une obligation.
Et n’oubliez pas de prendre vos poubelles !
Outre des excréments et des cadavres, la fonte des glaces sur les pentes de l’Everest révèle également une quantité incroyable de déchets. Et le problème ne date pas d'hier. Depuis les débuts de l'exploration de ce sommet, les alpinistes ont abandonné la plupart de leurs poubelles afin de s'alléger au fur et à mesure de l'expédition. Les bouteilles d'oxygène notamment, particulièrement lourdes. Du matériel, des emballages en plastique. Au total, environ 35 tonnes de déchets joncheraient l'Everest, et notamment les camps de base.
Car comme l'explique cet article de Repoterre, l'ascension de l'Everest n'est plus réservée à des alpinistes (très) expérimentés. De riches touristes peuvent désormais se payer, moyennant des sommes importantes, une ascension presque « tout confort ». Si cette nouvelle industrie représente une manne financière indéniable pour le Népal, elle génère aussi un nombre record de déchetsdéchets. Et si les spécialistes de la haute montagne sont généralement soucieux de préserver la blancheur des sommets, ce n'est pas nécessairement le cas de ces alpinistes occasionnels qui ne visent que la performance.
Un quota nécessaire ?
Le problème est le même sur tous les hauts sommets du monde, notamment sur le mont Blanc. En réponse à une situation qui se dégrade d'année en année, mais aussi pour des raisons de sécurité et pour éviter l'engorgement des passages les plus difficiles, la France a ainsi instauré en 2019 un quota de personnes autorisées à gravir le mont Blanc par jour, via une réservation obligatoire dans l'un des deux refuges du parcours. Même si le nombre de grimpeurs n'est pas du tout le même sur l’Everest, nombreux sont ceux à réclamer la mise en place d'une réglementation similaire. Un pas que le Népal n'a pour l'instant pas franchi.