Il y a 183 millions d’années, la Terre connaissait un épisode de réchauffement climatique particulièrement intense et brutal. Si les dinosaures y ont plutôt bien survécu, ce n’est pas le cas de la vie marine qui a connu une extinction massive. Un épisode dramatique qui serait lié au déclenchement d’éruptions volcaniques majeures, comme le révèle une nouvelle étude.


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    L'histoire terrestre est ponctuée d'une poignée d'événements dramatiques ayant entraîné la disparition en massemasse de nombreuses espèces animales. C'est le cas de la crise du Crétacé-Paléogène il y a 65 millions d'années, ou encore de celle marquant la transition entre le Trias et le Jurassique il y a 200 millions d'années, à l’aube du règne des dinosaures.

    Cependant, d'autres événements, de moins grande ampleur mais à l'impact global, ont rythmé l'évolution du vivant entre ces grandes extinctions de masse. C'est le cas notamment des événements anoxiquesanoxiques. Touchant principalement le milieu océanique, ces crises biologiquescrises biologiques sont liées à une baisse drastique du taux d'oxygène dans les océans, souvent en réponse à un changement climatique majeur.

    L'anoxie des océans entraîne souvent des extinctions de masse. © Bas, Adobe Stock
    L'anoxie des océans entraîne souvent des extinctions de masse. © Bas, Adobe Stock

    Des océans à +5 °C

    Dix-huit millions d'années seulement après la crise du Trias-Jurassique, les océans du globe subissent ainsi ce que l'on appelle l'événement anoxique océanique du Toarcien (TT-OAE). Il y a 183 millions d'années, la TerreTerre connaît en effet un réchauffement climatiqueréchauffement climatique rapide et de forte ampleur. La température moyenne des océans grimpe ainsi de 5 °C, entraînant une anoxie généralisée, une acidification du milieu océanique et une extinction massive parmi les espèces marines. Cet événement « hyperthermique » est reconnu comme ayant été le plus sévère des 500 derniers millions d'années. Pourtant, sa duréedurée et sa cause font toujours l'objet de débats.

    Une nouvelle étude publiée dans la revue Geology apporte cependant de nouvelles données qui permettent de mieux caractériser cet épisode hyperthermique.

    Un épisode relativement court mais intense

    De nouvelles datations ont ainsi permis de borner plus précisément cette crise, qui semble avoir été bien plus courte que ce que l'on pensait jusqu'à présent. L'événement anoxique océanique du Toarcien n'aurait ainsi duré que 300 000 ans. Il coïncide de plus avec un épisode magmatique particulier et de grande ampleur, l'éruption de la province magmatique de Ferrar, réfutant ainsi l'hypothèse souvent avancée que ce soit la province magmatique de Karoo qui ait été à l'origine de la crise du Toarcien.

    L'entrée en éruption de la province magmatique de Ferrar serait à l'origine de l'événement hyperthermique du Toarcien. © Vlad Podkhlebnik, Adobe Stock
    L'entrée en éruption de la province magmatique de Ferrar serait à l'origine de l'événement hyperthermique du Toarcien. © Vlad Podkhlebnik, Adobe Stock

    Ces éruptions de très grande ampleur auraient émis d’énormes quantités de gaz à effet de serre, par le dégazagedégazage des laveslaves, mais également à cause de l'intrusion de magmamagma au sein de roches riches en matièrematière organique, comme le charboncharbon et les schistesschistes. L'arrivée massive de CO2 et de méthane dans l'atmosphèreatmosphère aurait alors entraîné un réchauffement climatique d'ampleur, lui-même à l'origine d'une anoxie des océans.

    Comprendre ces épisodes du passé nous aide à mieux établir la sensibilité du climatclimat et des océans face à l'augmentation des taux de gaz à effet de serregaz à effet de serre dans l'atmosphère. Une notion importante si l'on veut comprendre les conséquences futures de nos émissionsémissions actuelles.