Dans une nouvelle publication scientifique, des chercheurs dévoilent les étonnants squelettes de plusieurs Dinocephalosaurus orientalis : des dinosaures au cou excessivement long et fin ayant peuplé les océans du Globe il y a 240 millions d’années.
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On dirait un animal tout droit sorti d'un conte fantastique. Ou d'horreur. Un cou excessivement long et fin, supportant une petite tête dont les mâchoires sont garnies de dents acérées. À l'autre bout, un corps effilé, taillé pour la vitessevitesse, propulsé par quatre grandes nageoires et une longue queue. Voilà de quoi alimenter le mythe des dragons, ou plutôt celui du monstre du Loch Ness !
Car Dinocephalosaurus orientalis n'était pas près de voler ni de cracher des flammes. Il est clair cependant qu'il devait être une véritable terreur des océans il y a 240 millions d'années.
Squelette entier de Dinocephalosaurus orientalis retrouvé en Chine (Trias) © Musées nationaux d’Écosse, PA Wire
Un cou étonnamment long
Déterré pour la première fois en 2003, en Chine, de récentes découvertes ont permis de brosser un portrait extraordinairement précis de ce monstre, notamment grâce à la mise au jour d'un fossile complet. Dans un article publié dans la revue Earth and Environmental Science, une équipe de chercheurs fait une synthèse descriptive de l'ensemble des restes retrouvés, dévoilant au passage d'incroyables images de plusieurs squelettes de Dinocephalosaurus orientalis.
Squelette d'un Dinocephalosaurus orientalis quasi-complet où l'on peut juger de la longueur extrême du cou. © Spiekman et al. 2024, Earth and Environmental Science
La découverte d'un crânecrâne et des premières vertèbres du cou en 2006 permet de classer Dinocephalosaurus orientalis dans le genre des protosaures. De nouvelles trouvailles paléontologiques révèlent bientôt sa formidable morphologiemorphologie : un cou composé d'au moins 32 vertèbres, plus long que le reste de son corps et de sa queue réunis ! Sa longueur totale aurait ainsi été d'environ 6 mètres. Étrange bestiole, qui ne semble avoir pu évoluer que dans un milieu marin, où son agilité devait par contre en faire un terrible prédateur.
Crâne du Dinocephalosaurus orientalis et taille approximative par rapport à un humain. © Spiekman et al. 2024, Earth and Environmental Science
Une espèce exclusivement adaptée à l’environnement aquatique
Une formidable adaptation à l'environnement aquatique renforcée par la découverte en 2017 de deux embryonsembryons encore présents dans la cavité abdominalecavité abdominale de deux squelettes. Preuve que Dinocephalosaurus orientalis était viviparevivipare, c'est-à-dire qu’il donnait naissance directement dans l’eau à des petits déjà entièrement formés, ce qui lui évitait de s'aventurer sur la terre ferme, où il ne devait pas être à l'aise, pour pondre ses œufs.
L'avantage évolutif qu'a pu représenter le développement de ce cou étonnement long reste encore difficile à imaginer. Les chercheurs suggèrent cependant que cette morphologie ait pu donner au Dinocephalosaurus orientalis une plus grande habilité pour attraper ses proies, lui offrant un rayon d'action plus important que pour d’autres espèces à long cou comme le Tanystropheus auquel il semble apparenté. Des restes de poissons ont d'ailleurs été retrouvés dans l'estomacestomac de l'un des fossiles. Ce long cou aurait peut-être également été un avantage pour fouiller dans les nombreuses crevasses des fonds marins peu profonds.
Reconstitution d'un Dinocephalosaurus orientalis dans son environnement, il y a 240 millions d'années. © Marlene Donnelly
L’une des plus incroyables découvertes paléontologiques pour la période du Trias
De l'avis des auteurs de l'article, la découverte de ces 7 squelettes exceptionnellement préservés est certainement l'une des plus extraordinaires réalisées dans les séries triassiques de la province de Guizhou. La présence de fossiles entiers et en position anatomique fait que cette espèce, inconnue il y a 20 ans, est désormais l'une des mieux caractérisées en ce qui concerne les archosauromorphes.