La vie serait capable de se maintenir au sein des roches de la croûte pendant plusieurs milliards d’années ! Une colonie microbienne datant probablement de 2 milliards d’années a en effet été retrouvée au sein d’une roche forée en Afrique du Sud !


au sommaire


    C'est une véritable capsule temporelle microscopique que des chercheurs viennent de découvrir. Lors d'un forage très profond réalisé en Afrique du Sud, dans les roches magmatiques âgées de 2 milliards d'années formant le Bushveld Igneous Complex, des scientifiques ont en effet remonté un échantillon contenant une colonie de microbes... vivants. Si l'on sait que les bactériesbactéries peuvent coloniser des milieux extrêmes et notamment les roches de la croûte terrestre même à très grande profondeur, cette découverte est une première.

    Une colonie indigène, qui aurait survécu au sein de la roche pendant 2 milliards d’années

    Car cette colonie semble avoir été piégée dans ces roches il y a 2 milliards d'années. Depuis, elle est restée isolée du reste de l'environnement. Il s'agirait donc du plus vieil exemple de colonie microbienne en activité découverte dans des roches. Les bactéries ont été retrouvées au sein d'une fracture scellée, remplie d'argile. Des analyses ont permis de montrer qu'il n'y avait pas eu de contaminationcontamination postérieure et que ces microbes étaient bien des « autochtones ».

    Carotte de forage analysée : les microbes ont été retrouvés à l'intérieur d'une fracture (flèche jaune). © Y. Suzuki, CC by-nc-nd
    Carotte de forage analysée : les microbes ont été retrouvés à l'intérieur d'une fracture (flèche jaune). © Y. Suzuki, CC by-nc-nd

    Mais comment cette colonie a-t-elle pu survivre durant 2 milliards d'années ? Pour les chercheurs auteur d'une étude publiée dans la revue Microbial Ecology, ces micro-organismesmicro-organismes auraient tiré la ressource nécessaire à leur subsistance de l'énergieénergie produite lors du processus d'altération des minérauxminéraux silicatés, qui produit des argiles. La réaction entre l'eau et le ferfer contenus dans les silicates produit en effet du H2, un composé que les microbes peuvent métaboliser. Ces processus auraient permis à ce milieu minéral de rester habitable pendant plusieurs milliards d'années.

    La couleur verte indique que de l'ADN est présent dans les cellules microbiennes retrouvées. © Y. Suzuki, S. J. Webb, M. Kouduka <em>et al. </em>2024, <em>Microbial Ecology, </em>CC by-nc-nd
    La couleur verte indique que de l'ADN est présent dans les cellules microbiennes retrouvées. © Y. Suzuki, S. J. Webb, M. Kouduka et al. 2024, Microbial Ecology, CC by-nc-nd

    Une découverte de bon augure pour la recherche de vie sur Mars

    On sait que les microbes qui peuplent ces environnements profonds présentent un métabolismemétabolisme très lent et sont peu amenés à évoluer au cours du temps. De fait, l’ADN des microbes retrouvés dans les roches du Bushveld Igneous Complex pourrait donner d'importantes indications sur le génomegénome des micro-organismes ayant vécu il y a 2 milliards d’années, à une époque où commencent seulement à apparaître les premiers organismes pluricellulaires. C'est là une occasion unique d'observer à quoi ressemblait la vie à cette époque lointaine.

    Mais c'est également la preuve que des colonies bactériennes peuvent survivre sur de très longues périodes de temps dans des environnements scellés et protégés de tout bouleversement, du moment qu'elles ont une source d'énergie à leur disposition. Un point majeur qui intéressera certainement les scientifiques à la recherche d’une vie passée sur Mars !