La Chine s’apprête à réaliser un exploit géologique : creuser un trou de plus de 10 000 mètres de profondeur dans le désert de Taklamakan. Pourquoi ce projet et quels profits comptent en retirer le pays ?
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Plus de 10 kilomètres au sein de la croûte terrestre. Voilà l'objectif du nouveau forage que vient d'entreprendre la Chine dans le bassin du Tarim (désert du Taklamakan). Ce puits deviendrait ainsi le plus profond du pays et s'approcherait du record mondial détenu actuellement par les Russes, qui ont atteint une profondeur de 12 262 mètres en 1989 dans la péninsule de Kola.
Il avait fallu 20 longues années aux équipes russes pour forer le puits de Kola, avec l'objectif purement scientifique d'atteindre le MohoMoho, qui marque la limite entre la croûte et le manteau terrestre. Les scientifiques auront alors appris, à leurs dépens, que la croûte continentale était bien plus épaisse que prévu et que forer à de telles profondeurs représentait un véritable défi technique. Ce sont ainsi les difficultés techniques, face aux hautes pressionspressions et températures qui règnent à ces profondeurs, qui mettront finalement un terme à cette aventure scientifique.
Un objectif principalement pétrolier
Malgré cet antécédent, Sinopec, l'une des entreprises pétrolières impliquée dans le projet chinois, se veut plutôt optimiste. L'objectif est de forer ce nouveau puits en seulement 457 jours, soit en un peu plus d'un an ! Certes, les techniques de forage ont largement évolué depuis la fin des années 1980. Mais l'objectif reste toutefois très ambitieux.
Un objectif, qui, à la vue des différents acteurs du projet, n'est pas vraiment scientifique, d'ailleurs. Le but est en effet d'atteindre des roches formées durant la période du Crétacé, soit il y a -66 à -145 millions d'années. Le puits pourrait même atteindre des roches bien plus anciennes, d'âge CambrienCambrien et datant donc de plus de 500 millions d'années. L'intérêt ? Ces niveaux sont suspectés être la source d'un important champ pétrolier, déjà exploité à l'heure actuelle. Les scientifiques et industriels chinois vont donc tenter de savoir si oui ou non ces roches ultra-profondes peuvent encore contenir du gazgaz et du pétrolepétrole et donc représenter un nouvel intérêt économique.
La Chine démarre le forage d'un puits de 10 000 mètres de profondeur destiné à l'exploration scientifique. © GlobaLink
Déjà plusieurs forages qui descendent à plus de 8 000 mètres
Comme de nombreuses autres nations à l'heure actuelle, la Chine tente en effet de réduire sa dépendance aux importations de mineraisminerais, métauxmétaux et hydrocarbureshydrocarbures. Forer profond pourrait donc s'avérer une solution. Il faut préciser que Sinopec a déjà une expérience en la matièrematière. La compagnie a en effet déjà réalisé plusieurs puits, de plus de 8 000 mètres, dans cette région du nord-ouest de la Chine. Le bassin du Tarim représente en effet le plus grand et le plus profond champ pétrolier du pays. Ce bassin se compose d'un socle formé il y a plus d'un milliard d'années, recouvert d'une énorme pile de plusieurs kilomètres de sédimentssédiments.
Même si le projet semble réalisé dans un but principalement industriel, du point de vue purement scientifique ce forage devrait permettre aux chercheurs de mieux comprendre la nature et l'évolution géologique de ce bassin.
Un projet extrêmement coûteux
Pour le réaliser, ce seront plus de 2 000 tonnes de machinerie lourde qui seront mises en œuvre afin de traverser ces roches. Mais pour les experts, plus qu'une question de technique, la réussite de ce type de projet repose surtout sur une question d'argentargent. Sa réalisation est en effet extrêmement coûteuse et se chiffre en centaines de millions d'euros.
Ce projet fait partie du programme d'exploration « Deep Earth » voulu par le président chinois Xi Jinping, aux côtés des autres grands objectifs scientifiques du pays : « Deep sea » (exploration des océans), « Deep blue » (développement des technologies de l'information) et « Deep space » (exploration de l'espace).