C’est l’histoire d’un carnage qui, pourtant, s’avère être très précieuse pour les scientifiques. La découverte des restes fossilisés d’une vache de mer a en effet révélé d’intéressants indices permettant de mieux comprendre la chaîne alimentaire marine du Miocène.


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    La découverte paléontologique a été réalisée lors de fouilles au Venezuela, dans des formations sédimentaires datant de 23 à 11,6 millions d'années. Un squelette fragmenté, composé d'un morceau de crânecrâne et de 18 vertèbres, a en effet été exhumé au prix d'un dur labeur. Après examen, il s'avère que ces restes appartiennent à un Culebratherium, une espèce éteinte de Dugong, animal placide « broutant » les fonds marins peu profonds et communément appelé « vache de mer ». En plus de donner de précieuses informations sur la biodiversité de cette région au début du Miocène, l'analyse du crâne va également révéler les causes de la mort de l'animal, et même plus.

    Les Dugong sont communément appelés « vache de mer ». © a_g_owen, Adobe Stock
    Les Dugong sont communément appelés « vache de mer ». © a_g_owen, Adobe Stock

    Des traces de morsures de plusieurs prédateurs

    Dans la revue Journal of Vertebrate Paleontology, des chercheurs dévoilent ainsi la présence de traces de morsures sur les os du crâne de l'animal. Des traces caractéristiques attribuées rapidement à un crocodilien. La présence des morsuresmorsures au niveau du museau de la vache de mervache de mer suggère d'ailleurs que ce grand prédateur aurait tué sa proie en la faisant suffoquer. D'autres grandes incisions indiquent que le corps du Culebratherium aurait ensuite été traîné avant d'être dévoré.

    Les traces de morsures découvertes sur les os fossiles d'une vache de mer permettent de retracer les circonstances de sa mort, mais aussi de compléter notre compréhension de la chaîne alimentaire marine au Miocène. © Benites-Palomino <em>et al.</em> 2024, <em>Journal of Vertebrate Paleontology</em>
    Les traces de morsures découvertes sur les os fossiles d'une vache de mer permettent de retracer les circonstances de sa mort, mais aussi de compléter notre compréhension de la chaîne alimentaire marine au Miocène. © Benites-Palomino et al. 2024, Journal of Vertebrate Paleontology

    Mais le crocodilecrocodile n'aurait pas été le seul à se servir sur la carcasse du gros mammifèremammifère marin. Une dent de requin-tigre a en effet été retrouvée à côté du cou de l'animal. Des morsures typiques ont également été observées un peu partout sur les restes du squelette. Des indices qui indiquent que le cadavre a été nettoyé par des charognards.

    Des informations rares et précieuses sur la chaîne alimentaire

    Ces observations relativement rares montrent que la chaîne alimentaire marine de la première partie du Miocène était relativement semblable à celle que nous connaissons aujourd'hui, les gros mammifères marins servant ainsi de ressources à de nombreuses espèces.