Voilà un impressionnant site paléontologique ! Le Colisée, comme il est désormais dénommé, se situe en Alaska et présente des centaines d’empreintes de dinosaures sur des surfaces d’âges différents, indiquant que ce lieu a été intensément arpenté il y a 70 millions d’années.


au sommaire


    Une véritable autoroute à dinosaures. Voilà ce que semble avoir été le site dénommé « le Colisée » il y a environ 70 millions d'années. Découvert en Alaska dans le Denali National Park and Reserve, le site renferme en effet un fabuleux trésor : des centaines de pistes de dinosaures attribuées à de nombreuses espèces. Mais le plus impressionnant est que ces traces sont loin d'avoir toutes le même âge, indiquant que de multiples générations de dinosaures ont arpenté cet endroit. Cette spécificité fait du Colisée le plus important site d’empreintes de dinosaures de tous les États-Unis.

    Le site dit du « Colisée » en Alaska. Les strates verticales partiellement érodées dévoilent des surfaces d'âges différents sur lesquelles de très nombreuses traces de dinosaures ont été imprimées. © Patrick Druckenmiller
    Le site dit du « Colisée » en Alaska. Les strates verticales partiellement érodées dévoilent des surfaces d'âges différents sur lesquelles de très nombreuses traces de dinosaures ont été imprimées. © Patrick Druckenmiller

    Un mille-feuille stratigraphique qui présente des pistes d’âges différents

    Le site se présente sous la forme d'affleurements d'une vingtaine de mètres de haut, avec des strates verticalisées. À l'origine, lors de leur formation, ces strates étaient bien sûr horizontales. Elles ont été basculées par la suite par les mouvementsmouvements tectoniques qui ont affecté la région au fil du temps. Les empreintes sont donc visibles sur les actuelles parois, sur plusieurs niveaux stratigraphiques.

    Détail des parois où sont visibles des traces d'Hadrosaures (dinosaures à bec de canard). Une seconde surface, à droite, plus récente, semble également porter de nombreuses empreintes. © Patrick Druckenmiller
    Détail des parois où sont visibles des traces d'Hadrosaures (dinosaures à bec de canard). Une seconde surface, à droite, plus récente, semble également porter de nombreuses empreintes. © Patrick Druckenmiller

    Pour comprendre, il faut imaginer un mille-feuille, chaque couche représentant une strate, celle du dessous étant la plus ancienne. Mettez votre mille-feuille à la verticale et mangez-en délicatement des morceaux. Vous verrez donc apparaître des zones jusqu'alors enfouies. Cette action s'apparente à celle de l'érosion qui, progressivement, dévoile les strates les plus vieilles. On se retrouve ainsi avec un affleurement présentant des surfaces d'âges différents. Le plus intéressant est que nombreuses sont celles sur lesquelles des empreintes sont visibles.

    Une empreinte, vraisemblablement celle d'un tyrannosaure, retrouvée sur le site du Colisée. © Dustin Stewart
    Une empreinte, vraisemblablement celle d'un tyrannosaure, retrouvée sur le site du Colisée. © Dustin Stewart

    Un riche écosystème du Crétacé supérieur

    Cela révèle que l'endroit, certainement une zone marécageuse humide, a été traversé à de multiples reprises au cours du temps. Les espèces à avoir emprunté cette autoroute visiblement très connue au CrétacéCrétacé supérieur sont d'ailleurs nombreuses : grands herbivores, dinosaures à bec de canard, à cornes, mais également carnivores (vélociraptorsvélociraptors et tyrannosaurestyrannosaures notamment) et petits échassiers. Il s'agissait vraisemblablement d'un écosystèmeécosystème extrêmement riche où grouillaient tous types de dinosaures, au sein d'une dense végétation comme l'attestent les nombreux fossiles de plantes. L'ensemble des observations réalisées sur le site ont été publiées dans la revue Historical Biology.