Alors que l’on a tendance à dire que l’altération des roches a un effet de régulation du climat par le biais de la captation du carbone de l’atmosphère, on oublie souvent de considérer que ce même processus est également capable de libérer du CO2. Une nouvelle étude révèle d’ailleurs que cette géo-respiration émettrait autant de dioxyde de carbone par an que le volcanisme !


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    Outre les activités humaines, de nombreux processus naturels sont émetteurs de CO2. Si aujourd'hui ces processus ne jouent qu'un rôle secondaire dans l'évolution climatique face à l'impact des émissionsémissions humaines, ils ont pourtant gouverné le climat durant le reste de l'histoire terrestre.

    Parmi ces processus, il y a bien sûr le volcanisme. Les éruptions libèrent en effet dans l'atmosphère de nombreux gaz à effet de serre, libérés par la fusionfusion des roches du manteaumanteau. On sait qu'au cours de l'histoire de la Terre, des éruptions de très grande ampleur se sont produites, sur des duréesdurées de plusieurs milliers d'années. Les quantités de gazgaz émis étaient telles qu'elles ont sévèrement perturbé le climat et l'environnement, entraînant des crises biologiques voire des extinctions de masse.  

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    Les volcans sont une source naturelle de CO2. © Marco, Adobe Stock

    Érosion des roches : captage de CO2… mais aussi libération !

    D'un autre côté, ces déséquilibres climatiques sont souvent régulés par les processus d'altération et d'érosion des roches. En piégeant du carbonecarbone sous forme de carbonates, ils jouent ainsi un effet de thermostatthermostat à l'échelle planétaire et permettent de faire baisser les températures. Un processus dont les effets ne sont toutefois visibles que sur de longues périodes de temps, de plus de 100 000 ans.

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    Mais il ne faut pas oublier que si l'érosion et l'altération permettent de fixer du carbone lors de la formation des carbonates, ces processus sont également capables de libérer du CO2. En effet, les roches sédimentairesroches sédimentaires contiennent de la matière organique fossile. Or, l'altération va la mettre au contact de l'eau et de l'airair, entraînant ainsi une oxydationoxydation qui va libérer du CO2. Un phénomène que l'on appelle la « géo-respiration ». Son influence sur le climat reste cependant encore très mal contrainte, en particulier à cause de la difficulté de mesurer les flux de CO2 ainsi émis.

    Autant de CO2 émis que les volcans !

    Une équipe de chercheurs s'est donc penchée sur la question et montre que la masse de CO2 émise par an par cette géo-respiration serait significative. Deux études, publiées dans les revues Pnas et Nature, révèlent ainsi que le flux global de CO2 émis par la géo-respiration serait d'environ 68 mégatonnes par an, ce qui correspond à peu près au flux émis par les volcansvolcans ! Ces taux restent toutefois 150 fois inférieurs aux émissions annuelles humaines, précisent les auteurs dans un communiqué.

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    Les principaux flux de CO2. © Mathieu Dellinger

    Les résultats mettent également en évidence le fait que les reliefs montagneux, qui représentent les principales zones en érosion, émettraient plus de CO2 par le biais de la géo-respiration qu'ils n'en capteraient dans les carbonates. Alors qu'on les considérait comme des puits de carbonepuits de carbone, les montagnes seraient donc en réalité plutôt des sources nettes de CO2 !