Dans les mines du Yukon, on trouve certainement autant d’or que de fossiles ! Les découvertes se font en effet en pagaille, entre ossements divers et animaux momifiés. Autant de trésors qui permettent aux paléontologues de mieux comprendre la faune du dernier âge glaciaire.


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    Dans ces mines du nord-ouest du Canada, on trouve de l'or, certes, mais également des choses bien plus étranges, mais qui ont pourtant tout autant de valeur... pour les paléontologuespaléontologues.

    Voyagez dans le temps à la rencontre du mammouth dans cet épisode de Bêtes de Science, le podcast de l'intelligence animale. © Futura

    Car voilà plusieurs années que les mines d'or du Yukon délivrent régulièrement des ossements de mammouths, voire des animaux momifiés datant de plusieurs dizaines de milliers d'années ! Et pour cause, les mineurs creusent directement dans le permafrost, ce sol gelé en permanence. Des conditions qui ont permis la préservation de nombreux restes d'animaux datant de la dernière période glaciaire.

    Depuis quelques années, les découvertes exceptionnelles s’enchaînent

    Une aubaine pour les paléontologues, pour qui faire le tour des mines d'or du Yukon est devenu une habitude, tant les trouvailles sont nombreuses et régulières. Au fil du temps, les excavations ont d'ailleurs délivré de véritables trésors. Déjà dans les années 1890, durant la ruée vers l’or, il n'était pas rare de tomber sur des défenses ou des crânescrânes ayant appartenu à la mégafaune du Pléistocène. Mais ces dernières années, les découvertes ont même été bien plus excitantes. Car plusieurs animaux momifiés ont été sortis du permafrost.

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    En creusant dans le permafrost, les chercheurs d'or du Yukon tombent sur de nombreux ossements provenant d'animaux de la dernière période glaciaire. © Government of Yukon

    En 2016, deux corps sont ainsi extraits des mines d'or du Yukon. Celui d’un caribou, et celui, extrêmement bien conservé, d'un jeune canidécanidé. Au début, les mineurs pensaient être tombés sur les restes d'un chiot mort de froid durant l'épisode de la ruée vers l'or. Mais en y regardant de plus près, les chercheurs se sont rendu compte qu'il s'agissait d'un louveteau âgé de sept semaines au moment de sa mort. Il aurait vécu il y a 57 000 ans !

    La préservation exceptionnelle du corps, avec sa fourrure et ses tissus momifiés, est une occasion unique d'étudier un spécimen datant de la dernière période glaciaire, lorsque de vastes calottes de glace recouvraient une grande partie de l'hémisphère Nordhémisphère Nord.

    Un mammouth et une étrange boule de poils

    En 2022, c’est un bébé mammouth momifié qui va être découvert dans le champ minier du Klondike. Datant de 30 000 ans, sa préservation exceptionnelle en fait un spécimen unique pour l'Amérique du Nord. Ce type de découverte est en effet généralement attribué à la Sibérie, dont le territoire gelé renferme lui aussi de nombreux trésors du même genre.

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    La momie du bébé mammouth découvert dans une mine d'or du Yukon en 2022. © Government of Yukon, Trʼondëk Hwëchʼin

    Si le jeune mammouth a tout de suite été identifié par les employés de la mine, ce n'est cependant pas le cas de toutes les découvertes réalisées. Ainsi, en 2018, les travailleurs de la mine de Hester Creek, toujours dans le Yukon, sortent de la boue gelée une étrange boule de poils. Au milieu de cette fourrure rousse, on distingue cependant des pattes et des griffes.

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    En 2018, les mineurs découvrent cette drôle de boule de poils momifiée. © Government of Yukon

    C'est en la scannant aux rayons Xrayons X que les chercheurs auront la certitude qu'il s'agit bien d'une sorte d'écureuilécureuil. Roulé en boule, il semble être mort dans sa tanière, alors qu'il était en état d'hibernation. Il aurait vécu il y a 30 000 ans. L'analyse révèlera qu'il s'agit d'une espèceespèce de rongeurrongeur très proche du spermophilespermophile arctiquearctique (Urocitellus parryii)), qui existe toujours à l'heure actuelle et qui peuple les territoires des très hautes latitudeslatitudes, notamment dans le Yukon.

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    En passant la boule de poils aux rayons X, les chercheurs se sont rendu compte qu'il s'agissait d'un rongeur, mort en état d'hibernation. © Government of Yukon

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    Le petit rongeur ressemblait vraisemblablement au spermophile arctique qui peuple aujourd'hui la région. © United States Fish and Wildlife Service, Wikimedia Commons, domaine public

    Une richesse inestimable pour les paléontologues

    En plus de ces exceptionnelles découvertes d'animaux momifiés, les mines d'or du Yukon délivrent une quantité incroyable d'ossements. Les paléontologues peuvent ainsi récupérer entre 5 000 et 7 000 fossilesfossiles chaque année !

    L'étude de ces restes et notamment les analyses ADNADN ont d'ailleurs permis de montrer que des mammouths vivaient encore en Amérique du Nord il y a seulement 5 000 ans et que c'est dans ces territoires du Nord qu'est apparue la lignée des chevaux domestiques.