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Il suffit de regarder les images de l'Europe la nuit prises par les satellites américains DMSP en 1992 et 2010 ou encore celle de Paris by night réalisée par les occupants de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale en février 2011 pour avoir une petite idée de ce que signifie le terme « pollution lumineuse ». La débauche d'éclairages inutiles et mal dirigés est spectaculaire vu de l'espace, et les conséquences au sol sont très préoccupantes. Les astronomesastronomes tirent la sonnettesonnette d'alarme depuis longtemps, eux qui ont vu les étoiles s'éteindre peu à peu.
À l'observatoire de Meudonobservatoire de Meudon, on aime rappeler que voilà un siècle, on pouvait admirer la Voie lactée depuis les coupolescoupoles de la vénérable institution. Aujourd'hui, seuls la Lune et les astresastres les plus brillants y sont encore observables. Même l'observatoire du pic du Midi, situé pourtant à 2.877 mètres d'altitude dans les Hautes-Pyrénées, voit le ciel dangereusement s'éclaircir la nuit avec les lumièreslumières des villes de Lourdes, Tarbes et Pau, que l'on pensait bien éloignées dans la plaine.
Comme le rappelle le ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'ÉnergieÉnergie, l'excès d'éclairage nocturne a également des conséquences néfastes sur les écosystèmes (perturbation de la communication, de la migration ou de la reproduction selon les espèces) ainsi qu'un impact négatif sur le sommeil. Sans oublier le coût d'un tel gaspillage d'énergie.
Dès le mois de juillet, l'éclairage des façades des bâtiments devra être coupé au plus tard à une heure du matin. Une mesure pleine de bon sens qui permettra de « rallumer les étoiles ». © Jean-Baptiste Feldmann
Un arrêté pour sauver les étoiles la nuit
Depuis quelques années, la pollution lumineuse n'est plus un sujet tabou (on a longtemps fait rimer nuit et insécurité pour vendre de l'éclairage) et s'invite dans les discussions sur l'environnement. Des manifestations régulières comme les Nuits des étoiles, le Jour de la Nuit ou encore Earth Hour ont contribué à une prise de conscience collective. Celle-ci a commencé à se traduire concrètement par des mesures législatives. En octobre 2008, l'article 36 du projet de loi Grenelle I prévoyait un certain nombre de mesures destinées à moins gaspiller et mieux éclairer, une philosophie que l'ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes) essaie depuis des années de faire partager aux élus. En 2009, Année mondiale de l'astronomie, le Grenelle II stipulait que des prescriptions pouvaient être imposées aux publicités et aux enseignes lumineuses.
L'arrêté publié le 30 janvier par Delphine Batho, la ministre de l'ÉcologieÉcologie, du Développement durable et de l'Énergie, fixe désormais clairement un certain nombre de limitations. À partir du 1er juillet, trois types d'éclairages seront soumis à la nouvelle réglementation :
- les éclairages intérieurs de locaux à usage professionnel devront être éteints une heure après la fin d'occupation desdits locaux ;
- les éclairages des façades des bâtiments seront éteints au plus tard à une heure du matin ;
- les éclairages des vitrines des magasins de commerce ou d'exposition seront éteints au plus tard à une heure du matin, ou une heure après la fin d'occupation desdits locaux si celle-ci intervient plus tardivement.
Selon l'Ademe, ces mesures de bon sens devraient faire économiser 2 TWh chaque année, l'équivalent de la consommation électrique d'environ 750.000 ménages. Pour les astronomes, elles devraient contribuer à « rallumer les étoilesétoiles ».